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VOYAGES.

à coups redoublés ; on prononce une espèce d’oraison funèbre en l’honneur du défunt ; puis tout finit par un joyeux repas.

Voilà pour les funérailles, voici pour le mariage. Le jour pris pour la célébration, l’épouse clôt soigneusement sa porte. L’époux (il padrone) se présente armé. Il entonne sous la fenêtre des chansons consacrées, suppliant sa fiancée de lui ouvrir, mais sa fiancée n’ouvre point ; ses parens répondent pour elle, car il lui est défendu à elle de rompre le silence jusqu’au soir. En vain le fiancé lui promet de beaux habits, des bijoux précieux ; la porte reste close. Enfin, il se lasse ; aux prières succèdent les menaces, il force la porte, saisit l’épouse par les mains, et l’entraîne à l’église.

J’ai eu la bonne fortune d’être témoin d’une cérémonie nuptiale. Les plus proches parens tenaient la fiancée par la main : comme vierge, elle était couverte d’un voile blanc ; les veuves seules se marient la tête découverte. Les parrains du mariage (compari) firent passer plusieurs fois, et avec une dextérité étonnante, la couronne de l’époux sur la tête de l’épouse, et vice versâ, car tous les deux portaient une guirlande de roses blanches et d’immortelles. Le prêtre prit ensuite un verre de vin où trempaient des mouillettes, il en offrit aux époux, qui y goûtèrent, voulant indiquer sans doute qu’ils entraient dans une communauté de vie. Les parrains se partagèrent le reste. Tout en continuant la lecture de la lithurgie grecque, l’officiant, couvert de sa chasuble d’or, se mit à décrire d’abord à droite, puis à gauche, un grand cercle mystique, suivi dans cette étrange promenade par tous les assistans marchant un à un. Le couple enfin s’agenouilla, et reçut la bénédiction.