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NOUVELLE-ZÉLANDE.

causée par les prières de Ware, qui s’était ainsi vengé de ce chef pour les coups de fouet qu’il en avait reçus.

Tous les ustensiles qui ont servi à une personne durant sa maladie sont taboués, et ne peuvent plus servir à nul autre au monde : ils sont brisés ou déposés près du corps du défunt. À la mort de Doua-Tara, les missionnaires furent obligés de renoncer aux vases dans lesquels ils lui avaient apporté des vivres ou des potions.

Tout homme qui travaille à construire une pirogue, une maison, est soumis au tapou ; mais en ce cas, l’interdiction se réduit à lui défendre de se servir de ses propres mains pour manger ; il n’est pas exclus de la société de ses concitoyens.

Les plantations de patates douces, ou koumaras, sont essentiellement tapous, et l’accès en est soigneusement interdit à qui que ce soit, durant une certaine période de leur crue. Des hommes sont préposés à leur garde, et en éloignent tous les étrangers. De grandes cérémonies accompagnent toujours la plantation et la récolte de ces précieuses racines.

Pour les planter, les chefs se revêtent de leurs plus beaux atours, et procèdent à cette importante opération avec toute la gravité possible. Un de ces chefs, voyant un jour le ciel sillonné de nuages blancs, disposés d’une façon particulière, fit observer à M. Kendall que l’Atoua plantait ses patates dans le ciel, et qu’en sa qualité d’Atoua sur la terre, il devait imiter l’Atoua du ciel en ces occasions.

Lorsque je visitai le village et les forêts de Kawa-Kawa, toutes les instances, tout le crédit du missionnaire qui m’accompagnait, ne purent obtenir des naturels la permission de nous laisser passer en vue de ces cultures sacrées.