Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
NOUVELLE-ZÉLANDE.

sont admis en sa présence, et témoignent leur douleur de la mort du défunt par des pleurs, des cris, des plaintes, et notamment, en se déchirant la figure et les épaules de manière à faire jaillir le sang. Plus encore que les hommes, les femmes sont assujéties à ces démonstrations cruelles de sensibilité ! Malheur à celles qui viennent à perdre consécutivement plusieurs proches parens : leur figure et leur gorge ne seront long-temps qu’une plaie sanglante, car ces démonstrations se renouvellent plusieurs fois pour chaque personne.

Au lieu de laisser le cadavre étendu tout de son long, comme en Europe, les membres sont ordinairement ployés contre le ventre, et ramassés en paquet. Le corps est ensuite porté et inhumé dans quelque endroit isolé, entouré de palissades et taboué. Des pieux, des croix ou des figures sculptées et rougies à l’ocre, annoncent la tombe d’un chef : celle d’un homme du commun n’est indiquée que par un tas de pierres. Ces tombes portent le nom de oudou pa, maison de gloire.

On dépose, sur la tombe du mort, des vivres pour nourrir son waidoua (esprit) ; car, bien qu’immatériel, il est encore, dans la croyance de ces peuples, susceptible de prendre des alimens. Un jeune homme, à l’extrémité, ne pouvait plus consommer le pain qu’un missionnaire lui offrait, mais il le réserva pour son esprit, qui reviendrait s’en nourrir, disait le moribond, après avoir quitté son corps, et avant de se mettre en route pour le cap Nord.

Un festin général de toute la tribu termine ordinairement la cérémonie ; on s’y régale de porc, de poisson et de patates, suivant les moyens du défunt. Les pa-