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LITTÉRATURE.

mains, César vivra ; nous ferons, pour célébrer son auguste salut, une hécatombe de ses ennemis.

Bativius, d’un ton ferme à l’affranchi. Si tu les connais, toi, va les lui dénoncer sur-le-champ.

L’affranchi. Sénateur, ne sois pas si fier ; il n’est pas encore temps pour vous autres de lever la tête et d’insulter le peuple romain.

Clivius, bas à Bativius. Il vaut mieux se taire que d’irriter ces loups furieux.

Le second citoyen qui s’était éloigné du groupe. Citoyens, savez-vous la bonne nouvelle ?

Plusieurs à la fois. Quoi ! parle vite.

Le second citoyen. Eh ! j’ai entendu dire cela de ce côté. C’est un bruit qui vient du palais, et de bonne source, un affranchi de César, un des principaux chefs des cuisines.

La femme. Ne nous fait pas languir ainsi.

Le second citoyen. Vous ne m’écoutez pas quand je vous dis que c’est un esclave attaché aux cuisines, qui le tient de son chef, et qui l’a dit à un porte-litière qui me l’a appris, et je lui dis…

Le troisième citoyen. Puisse Harpocrate te coller la langue quand tu voudras trop parler.

Le second citoyen. Patience, donc, citoyens, puisque je vous dis que Caïus César Auguste Germanicus, notre invincible empereur, qui a été indignement percé par des sicaires comme son grand… Enfin, lui-même, dis-je, moi qui parle, en digne fils de Germanicus il est allé de son pied, de sa personne, aussi vrai que je me nomme Lucius-Testaceus Nuga… Je me reprends. Il n’a pas voulu qu’on bandât ses plaies, et il s’est transporté tout sanglant au Forum pour haranguer le peuple romain, comme ils disent que fit le grand pontife C.-J. César, après avoir été frappé le jour des Ides de mars par les infâmes patriciens du sénat.

Troisième prolétaire. As-tu donc fini ? Tu veux dire comme fit l’empereur Marc-Antoine, en tenant la toge sanglante de son ami. Si tout le reste est également vrai…