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ÎLE DE ROTUMA.

autour de leur ceinture. Ce sont les femmes ordinairement qui sont chargées de fabriquer ces nattes, et il ne leur faut pas moins de six mois pour en confectionner une seule. Elles fabriquent aussi du drap de différens degrés de finesse, qu’elles obtiennent de l’écorce de l’ulu ou arbre à pain, du chal ou mûrier à papier. Ils donnent le nom de wor à ce drap, qui est tacheté de diverses couleurs qu’ils tirent des plantes indigènes. C’est avec un instrument de bois nommé ia qu’ils battent cette écorce.

Le goût des voyages paraît invinciblement enraciné dans le cœur de ces insulaires. Je demandai alternativement à un grand nombre d’entre eux quelle raison leur faisait quitter l’île de Rotuma, pour s’exposer aux dangers de la mer ; ils répondirent invariablement : « L’homme de Rotuma avoir besoin de voir terre nouvelle. » C’est ainsi que, dominés par ce penchant irrésistible, on les a vus courir sous le vent dans de frêles embarcations, aborder dans quelque île ou périr dans la tempête.

Les Rotumans paraissent n’avoir que des idées très-confuses en matière de religion ; ils croient que les âmes des morts viennent les visiter après la mort, et pour les apaiser, ils leur font des offrandes, et suspendent dans leurs maisons des branches d’un arbre appelé teuten. Ils portent aussi sur leurs personnes quelques parties de cet arbre, auxquelles ils attribuent la vertu d’écarter les mauvais esprits. Ils ne paraissent pas avoir la moindre idée de la vie future, « Blancs, disent-ils, assurer nous y avoir ciel pour les bons et enfer pour les méchans, mais le Rotuman pas savoir. » Comme je demandais à l’un d’eux si un homme qui était à la dernière extrémité avait peur de mourir : « Non, » répon-