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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/328

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VOYAGES.

dit l’indigène ; « pourquoi lui avoir peur ? » — « Mais où croyez-vous qu’il aille après sa mort ? » repris-je. — « Mais, monsieur, si un homme mourir au rivage, aller dans la terre ; si un homme mourir à bord de vaisseau, aller dans la mer. »

Je remarquai que, dans cette île, les femmes portaient sur leurs corps des cicatrices de forme circulaire, qui avaient été causées par l’application du feu. Ces cicatrices se voyaient sur l’estomac de quelques-unes, tandis que le corps de plusieurs autres en était presque entièrement couvert. Pour produire ces brûlures, les femmes donnent à un morceau de wor, ou drap du pays, une forme circulaire ; puis y mettent le feu, et s’en frappent la peau quand il est bien enflammé. Cette pratique s’observe à la mort d’un chef ou d’un parent. À la mort de sa mère, une femme ne manque jamais de livrer son estomac et sa gorge à ces morceaux de drap brûlant ; si c’est son père qu’elle vient de perdre, ce sera son dos seulement qu’elle soumettra à cette opération ignée. Au reste, cette coutume barbare n’est point suivie par les hommes.

Quand un étranger entre dans la maison d’un de ces indigènes, ceux-ci ne manquent jamais de lui servir des noix de coco, des ignames, etc. Je fus un jour attiré dans une de leurs habitations par des cris et des gémissemens qui retentissaient avec force au dehors : j’y trouvai une pauvre vieille femme étendue à terre ; et versant des larmes amères en abondance. Elle venait de perdre son fils unique qui, cédant à une ardeur inquiète de voir terre nouvelle, était parti sur un vaisseau pour l’île d’Erromanga. Là, une fièvre cruelle l’avait emporté. Même, au milieu de sa douleur, la pauvre vieille femme remplissait les devoirs de l’hos-