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ÎLE DE ROTUMA.

annonçait une violente bourrasque venant du nord-ouest. Un vent furieux s’éleva, accompagné d’une forte pluie ; et au milieu de cette tourmente, la mer roulait avec fracas dans la baie. Nos câbles de chanvre furent bientôt brisés, et nous ne tardâmes pas à voir que le vaisseau chassait sur son ancre, et qu’il était poussé vers le rivage. Comme le vaisseau approchait des brisans, il roulait et enfonçait d’une manière terrible ; tous les bras étaient réunis à la poupe, à travers laquelle on jeta des câbles de salut ; car le premier choc pouvait consommer notre perte. Beaucoup de gens de l’équipage désirèrent qu’on coupât l’ancre, et qu’on laissât marcher le vaisseau ; les officiers acquiescèrent à cette demande en laissant le vaisseau chasser sur son ancre, comme il avait la tête au vent. Aussitôt que nous nous aperçûmes que nous étions poussés sur le rivage, nous tirâmes le canon d’alarme, pour engager les insulaires à envoyer des canots à notre secours ; mais la mer était trop grosse pour que la chose fût praticable. Cependant nous les voyions tous assemblés sur la grève. Nous nous aperçûmes alors que nous avions un rocher tout près de notre poupe, et, comme nous étions chassés très-avant dans la baie, nous nous attendions à tout moment à un choc ; heureusement, en haussant le gouvernail, et en dérivant un peu, nous passâmes à côté sans le toucher. Nous n’échappâmes à ce danger que pour tomber dans un autre. Vers une heure du matin, le vaisseau heurta violemment contre un autre rocher. Le gouvernail fut perdu, le vaisseau s’enfonça un peu ; mais cependant il se remit à flot. Il paraît qu’il fut relevé par son ancre, qui probablement s’était attaché à quelque rocher. Dans ce moment critique, la