Dans un pays libre par ses institutions, mais privé d’indépendance, la haine de l’ennemi commun réunit tous les esprits, et confond dans un sentiment unanime les diverses opinions individuelles, sans arène pour lutter, sans publicité pour s’éclairer les unes par les autres. Une fois l’ennemi chassé, toutes les opinions se font jour : de là, confusion et désordre. La liberté d’application, la pratique des idées abstraites et individuelles engendrent facilement l’erreur, alors même qu’il y a bonne foi et patriotisme chez tous. Mais si la nation est morale et religieuse, simple dans ses mœurs, instruite par l’infortune, la vérité triomphe, et l’unanimité naît enfin dans la liberté, comme elle régnait auparavant dans la haine de l’oppresseur commun.
C’est ce qui arriva en Pologne après la journée du 29 novembre. Les uns, tremblans encore à l’aspect du géant, ne