Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
333
RÉVOLUTION POLONAISE.

méconnu en faisant entrer ses troupes sur le territoire polonais après l’expulsion du Czarévitch, car son autorité absolue et discrétionnaire, contraire à la charte, détruisait les rapports du peuple polonais avec son roi, et ceux mêmes qui étaient les premiers à défendre par les armes les clauses du congrès de Vienne, menacés des peines les plus sévères, ne déclarèrent la famille Romanof déchue du trône de Pologne, qu’après avoir épuisé toutes les voies de négociation. Même violation de la part de la Prusse, car elle concluait avec la Russie des engagemens secrets, où elle traitait les habitans du royaume, non comme un peuple dont la liberté et la propriété individuelle sont garanties par le traité de Vienne, mais comme si ce traité n’eût pas existé, comme si les habitans du royaume et leurs propriétés eussent été sous le servage de la Russie.

4o La liberté, l’indépendance et la neutralité de Cracovie et de son territoire, étaient tous les jours violées par les Russes ; ils avaient imposé à ce petit pays la censure et une instruction à leur gré ; ils enlevaient par les cosaques tous ceux qu’ils jugeaient suspects, et les emprisonnaient dans le royaume de Pologne ; enfin, la Russie, la Prusse et l’Autriche réunies, ont privé ce pays de son droit le plus sacré, de son indépendance, en nommant M. Wodzicki, président du sénat contre les stipulations de la charte du congrès de Vienne.

D’après cet exposé, il est aisé de voir que, faute de garanties nécessaires, le traité de Vienne fut violé dans tous les points par les trois puissances ; le temps a prouvé qu’il n’y a pas d’autre garantie possible, d’autre moyen de maintenir les quatre droits fondamentaux qu’il reconnaît lui-même à toutes les parties de la Pologne démembrée, qu’en réunissant ces parties en un seul corps, et en déclarant tout le pays reconstitué et indépendant.

Il ne s’agit que de prononcer d’après la loi du traité de Vienne, et si toutes les formalités légales sont observées par les Polonais, la cause des trois puissances est perdue, et le