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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

reste de l’Europe sera forcé d’exécuter cet arrêt de la justice divine et humaine.

Le parti légal, passif jusqu’au 29 novembre, obéissait à la force majeure qui déclarait la charte, et ne songeait qu’à sa propre conservation. Quand le Czarévitch fut chassé du Belvédère, et l’ordre constitutionnel menacé, fidèle à son plan de conduite, il n’engagea la lutte que pour défendre son existence qu’il voyait compromise. Le chef de ce parti était le premier favori de Nicolas, le prince Lubecki, ministre des finances, qui a passé presque toute sa vie en Russie, au service de l’empire ; homme de talent et d’une grande activité, mais connaissant peu la Pologne. Quant au parti légitime, national, révolutionnaire, il avait pour chef le nonce Lelewel, président de la société patriotique[1].

Le lendemain de l’insurrection, le conseil d’administration, autorité constitutionnelle, composée d’individus nommés par Nicolas, et chargée du gouvernement suprême en l’absence du roi, se crut assez fort au milieu du danger général pour adresser au peuple insurgé une proclamation pleine d’arrogance. Mais voyant son isolement il céda ; et sur l’avis de Lubecki, qui en était membre, il rejeta de son sein les hommes mal vus du peuple, et les remplaça par les membres du sénat et de la chambre des nonces les plus connus par leur patriotisme ; de ce nombre étaient les deux nonces Lelewel et Vladislas Ostrowski. Tel fut le résultat du premier choc du parti légal avec le parti légitime.

La société patriotique demanda ensuite au conseil d’en-

  1. Nous ne parlons point du parti russe, composé de traîtres, des espions, des hommes avilis ; le crime et la mauvaise foi ne constituent point un parti en Pologne. Les individus marquans de ce parti étaient le comte Stanislas Zamoyski, président du sénat, illégalement nommé à cette place ; le palatin Czarnecki ; le général Rozniecki, premier chef d’espions ; le général comte Vincent Krasinski, jadis favori de Napoléon, et ensuite vil esclave des Russes ; les généraux prince Adam de Wurtemberg, Polonais de naissance ; Rautenstrauch ; Kossecki, et enfin le comte Stanislas Grabowski.