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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/379

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Littérature.

DE


L’ÉPOPÉE DES BOHÊMES

Ce paraît être véritablement une des conditions de l’histoire de la pensée humaine qu’à mesure qu’elle marche vers l’avenir, son passé se dévoile de plus en plus à elle. Il semble que les années et les siècles, en s’amoncelant derrière elle, devraient achever d’enfouir peu à peu tout ce qu’elle a depuis long-temps oublié sur son chemin. Et tout au contraire, voilà que des regrets, des pensées, des souvenirs, des impressions perdues qu’on croyait tout-à-fait effacées, se mettent de loin à loin à éclater de nouveau et à gronder dans son sein. Est-ce donc que l’âme de l’humanité est aussi vaste que la voûte du ciel, puisqu’à mesure qu’elle approche, triste et sombre, de son couchant, de l’autre côté vient à reparaître la lueur de ses premières étoiles ! Non-seulement ses souvenirs se réveillent, mais une foule de monumens de son premier âge surgissent, on ne sait comment, à une autre extrémité de sa vie. Chaque secousse donnée à