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LITTÉRATURE.

» Un cri d’alarme est sorti de la bouche de l’ennemi ; la joie éclate dans la bouche des guerriers ; elle retentit dans la bouche des guerriers de Zaboj ; elle rayonne dans des regards d’allégresse.

» Frères, ah ! les dieux nous ont donné la victoire ! De notre bande que les uns se partagent à droite, de notre bande que les autres se partagent à gauche. Amenez des chevaux de toutes les vallées, que les chevaux hennissent tout autour dans le bois !

» Ah ! frère Zaboj, ah ! toi brave lion ! ne lâche pas l’ennemi dans la tempête.

» Ah ! Zaboj reprend son bouclier, dans une main son épée, dans l’autre sa hache. Ainsi il court à travers les sentiers contre l’ennemi, et les oppresseurs rugissent ; et il faut que les oppresseurs cèdent. Tras[1] les chasse du champ de bataille ; un cri d’effroi les saisit tout haut à la gorge.

» Que les chevaux hennissent à l’entour dans le bois ! Allons ! à cheval, à cheval ! Après l’ennemi, à cheval ! À travers tous les sentiers. Chevaux rapides emportez-nous, emportez-nous contre eux, selon notre colère.

» Les bataillons se pressent sur des chevaux rapides ; crinières sur crinières, ils chassent devant eux leurs oppresseurs. Coups sur coups, ils sont haletans de colère, et les plaines s’en ébranlent, et s’ébranlent montagnes et forêts ; à droite et puis à gauche, tout s’enfuit devant eux.

» Voyez ! Un fleuve sauvage gronde ; les vagues roulent sur les vagues ! L’une sur l’autre aussi la foule roule sur la foule ; tout se précipite à travers le bruit du fleuve. Le flot a dévoré un grand nombre d’étrangers. Il porte ceux du pays de l’autre côté ; il les porte sur l’autre bord.

À travers les clairières, au loin, au large, à l’entour ; au loin la bande sauvage étend ses larges cercles, seule elle s’élance à toutes ailes ; la foule des guerriers de Zaboj se précipite au large, à l’entour, à travers la plaine ils s’élancent

  1. Tras, le dieu de l’épouvante.