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Album.

MARION DELORME

Marion Delorme, long-temps promise, fut long-temps attendue. Deux questions s’étaient attachées à elle : question politique, question littéraire.

Tout le monde connaît la première, passons vite sur elle ; cependant répétons, car les choses d’honneur et de conscience ne peuvent être trop répétées, que M. Victor Hugo aima mieux faire Hernani en dix-neuf jours que d’accepter une pension de 4,000 fr. que lui offrait comme indemnité M. de Labourdonnaye, et il eut raison : Hernani réussit, l’homme de lettres garda son indépendance, le gouvernement prescripteur tomba, l’œuvre du génie survécut jeune et chaude d’intérêt, fut jouée et réussit. Arrivons à elle.

C’est à l’époque où Louis xiii règne sous Richelieu ; le premier ministre

Est un vaste faucheur qui verse à flots le sang,
Et puis il couvre tout de sa soutane rouge.

C’était une belle époque à peindre que la France politique palpitante de ses guerres civiles, que la France littéraire riche des premières œuvres de Corneille, avec son roi faible, son ministre dur, sa jeunesse bouillante, et son académie ridicule.