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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 3.djvu/448

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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

Le 1er février, les Frères réunis nommèrent pour leurs présidens le généralissime Radziwill et Lelewel. Ils célébrèrent à cette occasion une espèce de solennité publique, et invitèrent à leur séance beaucoup de membres de la diète.

Quelques jours suffirent à la formation des deux légions ; car ceux qui devaient les composer, sans se rebuter des refus de Chlopicki, et en attendant la chute de son pouvoir, s’exerçaient d’avance aux manœuvres militaires, et vingt jours plus tard, leur infanterie avait déjà versé son sang pour la patrie dans les plaines de Grochow. Leur cavalerie, composée d’abord de trois cents hommes, se grossit en peu de temps de plusieurs milliers. Ainsi finit l’affaire de Lithuanie.

Nous avons vu que le conseil suprême national, créé le 21 décembre par Chlopicki, resta investi du pouvoir suprême après la chute de la seconde dictature.

La déclaration de l’indépendance polonaise, à la séance du 25 janvier, rendait nécessaire la destruction de ce pouvoir ; car il émanait de la dictature, et la dictature avait pour

    Ceci prouve un fait bien connu en Pologne, quoique ignoré des historiens français qui ont écrit sur ce sujet, c’est que l’empire de toutes les Russies n’est plus le même état dont Kiow était la capitale, et qui fut jadis si célèbre par ses institutions républicaines. Karamsin lui-même dit que le pays qui prit au xvie siècle le nom de Moscovie était dans son origine tout-à-fait étranger à la Russie. Quel droit donc a-t-il au nom de Russie ? Un fait non moins ignoré, c’est que la grande principauté de Russie, c’est-à-dire la Kiovie, la Podolie, la Wolhynie ou Wladimirie (nommée Lodomérie en 1772 par les Autrichiens), faisaient partie, soit de la Lithuanie, soit de la Pologne, et depuis 1569, de ces deux états réunis sous le nom de république fédérative polonaise. Il faut ignorer entièrement et la géographie et l’histoire du moyen âge, pour adopter l’opinion contraire de Karamsin, historien pensionné de la cour de Saint-Pétersbourg, et autres écrivains moscovites salariés comme lui par les czars.

    Pour éviter toute confusion, nous conservons pour les Moscovites le nom de Russes (Rassiiany), et celui de Russiens (Rusiny) pour les habitans de l’ancienne grande principauté de Kiow.