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RÉVOLUTION POLONAISE.

missions rédigea, sous la direction de Lelewel, un projet de loi que le sénat convertit aussitôt en loi définitive.

    province. Les différences locales de ces deux provinces ne furent tout-à-fait effacées qu’à la diète constituante de 1788.

    Quant à la Wolhynie, la Podolie et l’Ukraine, elles faisaient jadis partie de la Gallicie : or, la Gallicie passa aux Piastes polonais, en 1324, par droit d’hérédité, après l’extinction de la famille des Rurics, vassaux des Tartares, qui régnait sur elle. En 1340, elle fut incorporée à la Pologne avec le titre de royaume ou duché de Russie.

    Le nom de la Gallicie vient de la ville de Halicz, son ancienne capitale au xiie siècle : dans l’histoire de Pologne, elle ne porte point ce nom, mais celui de Russie proprement dite, et sa dénomination de Russie-Rouge, comme celles de Russie-Blanche et Russie-Noire, qu’on donne à certaines parties de la Lithuanie, n’a aucun sens politique.

    Lors de la réunion de la Gallicie à la Pologne, la Lithuanie, alors état distinct, ayant chassé les Tartares de l’Ukraine et d’une partie de la Podolie, et obtenu de la Pologne, à titre de fief, l’autre partie de la Podolie et la Wolhynie tout entière, s’empara de ces trois provinces, et en contesta la possession à la Pologne.

    Cependant les Jagellons étant parvenus, après deux siècles de constans efforts, à fondre en un seul peuple les Polonais et les Lithuaniens, ceux-ci consentirent, à la mémorable diète de Lublin de 1569, à ce que ces trois provinces, qui touchaient alors d’un côté à la mer Noire, de l’autre presque au Don, fussent incorporées à la couronne des Piastes, comme partie intégrante du royaume de Russie (Gallicie actuelle). Cet arrangement, fondé sur les droits de la Pologne, de la Lithuanie et de l’ancien royaume russe, subsista jusqu’à l’acte de brigandage politique des trois puissances spoliatrices.

    On sait que le czarat tartaro-russe de la Moscovie, fondé au xiie siècle par André Bogoloubsky, et affranchi du joug des Tartares vers le milieu du xve, fut baptisé par Pierre le Grand du nom d’empire de toutes les Russies. Catherine ii, qui ne songeait qu’à la réalisation de ce titre pompeux, enleva à la Lithuanie (1772) une partie de la Russie-Blanche, et laissa l’Autriche envahir la Gallicie en vertu de prétendus droits que les anciens rois de Hongrie de la famille d’Arpades s’arrogeaient sur ce pays dans le xiiie siècle, oubliant qu’à la Gallicie furent attachés pendant cinq siècles les droits des Polonais sur la Kiovie, mère-patrie de l’ancienne grande-principauté de Russie, et théâtre de toute son histoire.