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LITTÉRATURE.

être, qu’à moi-même. Dites-moi, je vous prie, les nouveaux événemens qui occupent Lisbonne.

Dona Maria.

C’est la conduite de notre roi don Pèdre. Il vient de publier des lois terribles contre l’adultère et autres crimes de cette nature. Ni l’ancienneté de l’outrage, ni les réparations qu’on en a pu obtenir, ne l’excusent à ses yeux. Vous connaissiez dona Maria Rusada ?… Elle se disputait avec une autre femme qui la nomma la violée… Le roi passait par-là, déguisé comme toujours ; il l’entendit, s’informa du fait, et apprit que dona Maria Rusada, il y avait quinze ans, avait subi les violences de son mari avant qu’il ne l’épousât, et aussitôt le roi fit traduire don Louis Rusada en justice, et lui fit trancher la tête.

La comtesse.

Est-il vrai ? point de grâce !… pour une faute passée depuis quinze ans… pardonnée… réparée…

Dona Maria.

Les grâces sont abolies en Portugal. Vous connaissez dona Urraca Lopez ?

La comtesse.

Oui.

Dona Maria.

Elle vivait en adultère avec un gentilhomme, pendant l’absence de son mari ; le roi le sut et les a fait juger et exécuter tous les deux. Don Fernand Lopez à son retour se trouva veuf, mais vengé, et l’on dit qu’il a été remercier don Pèdre d’avoir veillé sur son honneur en son absence, et d’avoir lavé ses foyers avec du sang.

La comtesse.

Est-il possible ?

Dona Maria.

Voyez maintenant s’il y a pardon pour quelqu’un ; mais si je vous ai parlé de tous ces actes de terrible justice, qui ne peuvent vous être d’un grand intérêt, c’est pour en venir à un but qui nous touche de près.