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SAYNÈTE.

La Comtesse.

Qui nous touche de près !…

Dona Maria.

Vous allez en juger. J’ai hésité long-temps à vous parler de cela ; mais il le faut, quelque peine que cela doive vous causer… Savez-vous ce qui retarde mon union avec votre fils don Félix, que je désire si ardemment, ne fût-ce que pour devenir votre fille ?

La Comtesse.

Vos parens, peut-être ?…

Dona Maria.

Mes parens m’ont fait faire malgré moi mon premier mariage, qui ne fut point heureux. Je suis veuve maintenant ; ils ont perdu tout droit sur moi, et me laissent maîtresse de mon sort… Cet obstacle vient du comte votre mari.

La Comtesse.

Mon mari !…

Dona Maria.

Et je frémis encore plus de vous dire les raisons de sa conduite.

La Comtesse.

Parlez.

Dona Maria.

C’est ce qu’il appelle son amour pour moi.

La Comtesse.

J’aurais dû le deviner… Je devais penser qu’une autre avait sa tendresse, puisque je ne l’ai plus.

Dona Maria.

Il me presse, me poursuit, m’obsède en tous lieux, à tous momens… Je n’aurais qu’un mot à dire au roi pour m’en délivrer ; mais ce mot serait son arrêt de mort. Il faut pourtant que tout ceci finisse… Don Félix est impatient ; son père et lui ont déjà eu à ce sujet plusieurs querelles qui m’inquiètent. Votre mari lui défend de penser à moi ; il refuse d’obéir.