Voilà donc la cause du redoublement de haine qui a éclaté entre eux !… Ah ! je crains tout du caractère altier et inébranlable du comte, de l’âme vive et ardente de don Félix. Que va-t-il arriver, bon Dieu !… Mon fils est déjà irrité contre mon mari pour sa conduite envers moi ; celle qu’il tient à votre égard l’irritera plus encore.
C’est à vous de lui représenter le scandale auquel il donne lieu, le danger auquel il s’expose… Dites-lui ce qu’il sait déjà, mais qui, dans votre bouche, aura plus d’autorité que dans la nôtre. Dites-lui que don Félix et moi nous nous aimons, que nous voulons être unis, et que nous recourrons à tous les moyens pour cela. J’entends du bruit : on vient ; c’est le comte. Adieu ; vous sentez que je suis de trop ici.
Quel adieu glacé me donne la belle senora. (Regardant la comtesse.) Je sais à qui je dois un tel traitement… Comtesse, prenez garde à vous ; je n’aime pas qu’on se joue de moi.
Des reproches à moi… à moi… seigneur comte ! Lequel de nous deux aurait, dans ce moment, le droit d’en faire à l’autre ?
Le droit d’en faire à l’autre ! Vrai Dieu, est-ce que je veille ?… Vous croyez avoir quelque droit contre moi, vous que je laisse vivre !… Oh ! ceci est trop fort… (Il sapproche de la fenêtre.) Ah ! voici la belle dona Maria qui rencontre son fidèle amant, votre fils… Elle lui donne sa main à baiser, à lui… elle lui parle long-temps… Oh ! tout ceci commence à me fatiguer. Don Félix monte… je veux en finir avec lui… Sortez, comtesse.
Seigneur comte…