en cherchant des vivres, avaient découvert, dans une espèce de chenil attenant à la chaumière où étaient les deux généraux, un paysan vendéen qui paraissait tellement ivre, qu’il était probable qu’il n’avait pu suivre les habitans du village lorsqu’ils l’avaient abandonné.
Que le lecteur se figure un métayer à visage stupide, au grand chapeau, aux cheveux longs, à la veste grise ; être ébauché à l’image de l’homme, espèce de degré au-dessous de la bête ; car il était évident que l’instinct manquait à cette masse. Marceau lui fit quelques questions ; le patois et le vin rendirent ses réponses inintelligibles. Il allait l’abandonner comme un jouet aux soldats, lorsque le général Dumas donna brusquement l’ordre d’évacuer la chaumière et d’y enfermer le prisonnier. Il était encore à la porte, un soldat le poussa dans l’intérieur, il alla en trébuchant s’appuyer contre le mur, chancela un instant en oscillant sur ses jambes demi-ployées ; puis, tombant lourdement étendu, demeura sans mouvement. Un factionnaire resta devant la porte, et l’on ne prit pas même la peine de fermer la fenêtre.
Dans une heure nous pourrons partir, dit le général Dumas à Marceau ; nous avons un guide.
— Lequel ?
— Cet homme.
— Oui, si nous voulons nous mettre en route demain, soit. Il y a dans ce que ce drôle a bu du sommeil pour vingt-quatre heures.
Dumas sourit, viens, lui dit-il, et il le conduisit sous le hangar où le paysan avait été découvert ; une simple cloison le séparait de l’intérieur de la cabane, encore était-elle sillonnée de fentes qui laissaient distinguer ce qui s’y passait, et avaient dû permettre d’entendre jusqu’à la moindre parole des deux généraux qui un instant auparavant s’y trouvaient :
— Et maintenant, ajouta-t-il, en baissant la voix, regarde.
Marceau obéit, cédant à l’ascendant qu’exerçait sur lui son ami, même dans les choses habituelles de la vie. — Il eut quelque peine à distinguer le prisonnier, qui, par hasard,