de vie féconde, étincelaient à travers une humide vapeur, semblable à celle qui donne aux regards des enfans d’irrésistibles attraits. Elle souriait ; elle était heureuse de vivre ; elle vivait ; elle concevait la vie ; elle marchait gaiement ; et à la manière dont elle levait ses pieds mignons, il était facile de voir que nulle souffrance n’allourdissait, comme autrefois, ses moindres mouvemens, n’allanguissait ni ses regards, ni ses paroles, ni ses gestes. Sous l’ombrelle de soie blanche qui la garantissait des chauds rayons du soleil, elle ressemblait à une jeune mariée sous son voile, à une vierge prête à se livrer aux enchantemens de l’amour.
Arthur la conduisait avec un soin d’amant. Il la guidait comme on guide un enfant, la mettant dans le meilleur chemin, lui faisant éviter les pierres, lui montrant une échappée de vue, ou l’amenant devant une fleur, toujours mu par un sentiment perpétuel de bonté, par une intention délicate, une connaissance intime du bien-être de cette femme, sentimens qui semblaient être innés en lui, autant et plus peut-être que le mouvement nécessaire à sa propre vie. Ils marchaient du même pas, sans être étonnés d’un accord qui paraissait avoir existé dès le premier jour où ils marchèrent ensemble… Ils obéissaient à une même volonté, s’arrêtaient, impressionnés par une même sensation ; et leurs regards, leurs paroles correspondaient à des pensées mutuelles.
Parvenus tous deux en haut d’une vigne, ils s’assirent sur une de ces longues pierres blanches que l’on extrait continuellement des caves pratiquées dans le rocher ; et, en s’asseyant, Julie s’écria :
— Oh ! le beau pays !… C’est ici qu’il faut vivre !…
— Victor !… cria-t-elle, venez donc !… venez donc !…
M. d’Aiglemont répondit d’en-bas par un cri de chasseur, mais sans hâter sa marche ; seulement, il regardait sa femme de temps à autre, lorsque les sinuosités du sentier le lui permettaient.
Julie aspira l’air avec plaisir en levant la tête et en jetant