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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/683

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RÉVOLUTIONS DE LA QUINZAINE.

peine s’est-on occupé de l’article qui reconnaît en principe le divorce. Autrefois, il y a un an, cela eût fait une profonde sensation. On annonçait cette semaine que M. Dupin devait parler contre cette funeste loi du divorce ; mais M. Dupin n’a rien dit. En ce moment, la chambre est occupée de je ne sais quelle partie du budget que le ministère emportera d’emblée, l’opposition étant prise cette fois au dépourvu.

Cependant, malgré l’insignifiance de la chambre, nous ne pouvons pas passer sous silence la dispute de M. Mauguin et de M. Viennet. M. Mauguin, interrompu brutalement par M. Viennet, s’écria à la tribune : M. Viennet dégoûterait du ministérialisme ! À ce mot, M. Viennet appelle M. Mauguin en duel ; le duel a eu lieu au bois de Boulogne, les deux champions se sont tirés un coup de pistolet, et M. Viennet a été rendu à la chambre et à l’académie, aux beaux-arts et aux beaux discours ! Il est malheureux d’abuser du duel dans des disputes d’intérieur ! En Angleterre, on est très-peu susceptible à la chambre, mais quand on se bat, on s’égorge : il y a trop de théâtres à Paris et pas assez de tirs au pistolet.

Le pape a fait deux choses cette semaine que les papes ne font plus guère ; il a fait un emprunt et fulminé une bulle contre l’abbé Châtel. L’emprunt s’est négocié péniblement, et il profitera beaucoup plus aux juifs, aux protestans, et même aux chrétiens de la banque, qu’il ne profitera à sa sainteté. Quant à la bulle, elle n’a pas empêché monseigneur François Châtel de louer l’écurie des Dames blanches pour y transporter son culte, son Dieu en français et son autel.

Il y a peu de petites nouvelles. On avait dit que le général Drouot était mort ; les journaux avaient annoncé cette mort avec tous les éloges dus à un brave ; cette nouvelle a été heureusement démentie.

Madame la duchesse de Bellune a été enterrée jeudi passé. On disait que cette dame, sous le poids d’une maladie aiguë, avait senti une atroce douleur, en apprenant qu’un vaudevilliste avait mis sur la scène un des épisodes les plus tristes de sa vie, et le déplorable procès qui était en oubli depuis long-temps. L’auteur du vaudeville en question doit être bien malheureux, sachant madame de Bellune morte trois semaines après la première représentation de son ouvrage.