L’étranger est toujours à la paix et à la peste. Le discours du roi d’Angleterre, à l’ouverture du parlement, est d’une grande naïveté. L’Angleterre, est-il dit dans ce discours, est dans la plus heureuse position ; elle ne craint que la guerre, les révoltes d’ouvriers, les émeutes d’Irlande, la famine et le choléra-morbus ; tout cela a été dit de la meilleure foi du monde. Dans ce discours, le roi d’Angleterre a inséré un paragraphe très-grave sur don Miguel. La semaine a été rude pour don Miguel : à Londres une place dans le discours de la couronne, à Paris un vaudeville contre lui de M. Scribe. Ce vaudeville, de M. Scribe, contre don Miguel est de la plus grande insipidité heureusement ; les amateurs des pamphlets sans esprit, sans goût et sans courage, feront relier le Luthier de Lisbonne, avec l’épître aux mules de don Miguel ; en y joignant la dernière comédie de M. Bonjour, du Théâtre-Français, le volume sera complet.
M. de Mornay part pour Maroc en qualité de chargé d’affaires ; On dit que M. Delacroix, le peintre, accompagne M. de Mornay. Quel que soit le résultat de la conférence, nous aurons de jolies babouches et des flacons d’essence de rose, et de charmans dessins à leur retour.
M. le duc de Rovigo, une de ces grandes capacités impériales dont nous parlons plus haut, est parti pour son gouvernement d’Alger, comme aurait dit madame de Sévigné à propos de M. de Grignan. Vous voyez qu’on n’a pas laissé en souffrance les affaires de l’extérieur.
Plusieurs généraux polonais privés de tout, sont arrivés dans les villes de la frontière où ils ont reçu l’hospitalité. Mais c’est fait de la Pologne chez nous, peuple mobile et oublieux. Il en sera bientôt pour nous de la Pologne comme de la Grèce, un vain nom ! À propos de la Grèce, l’assassin de Capo-d’Istria a été fusillé à Nauplie. Ce jeune homme est allé à la mort comme il serait allé à une fête, le visage serein et dans le costume le plus élégant. À peine était-il fusillé, qu’on ensevelissait la victime. Toute la Grèce était en deuil et pleurait ce pauvre tyran, qui avait voué aux Grecs sa fortune et sa vie, et qui mourait assassiné à la porte d’une église où il allait prier pour les Grecs.
Quant à la secousse littéraire, elle a été grande dans ces quinze jours. Le beau volume de M. Hugo, les Feuilles d’Automne, poésie intime, poésie de forme domestique, écrite au berceau de l’en-