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peu la vérité, mais je désire avoir raison sans la torturer. Les dépenses ordinaires sont habituellement estimées à 300,000 dollars environ, et des besoins particuliers peuvent même quelquefois les élever jusqu’à 400,000. Mais je suis sûr que 350,000 dépassent la dépense des cinq dernières années. La Revue britannique a extrait du Registre annuel de New-York, par Williams, une longue liste de fonctionnaires, et leur salaire, dans l’intention de montrer que les Américains paient plus que les Français pour certains services. Je suis bien aise que ce fait ait été publié, puisqu’il peut aider à relever une erreur très générale. Les gouvernemens américains sont beaucoup moins onéreux que ceux d’Europe, en ce qui concerne les impositions ; c’est ce que savent toutes les personnes familiarisées avec la connaissance de ces deux parties du monde. Jusqu’à présent on s’est habitué à expliquer cette économie par la petitesse des moyens, et cette accusation a été si souvent, si long-temps, si hardiement soutenue, que mille, dix mille personnes, même en Amérique, y ajoutent foi. En fait, le gouvernement des États-Unis, sauf un petit nombre d’exceptions, paie ses employés mieux qu’aucun autre gouvernement de la chrétienté : cependant, considéré par rapport aux résultats, et si l’on tient compte de toutes les circonstances qui peuvent et doivent modifier la question, je crois qu’on trouvera que c’est encore, et de beaucoup, le moins cher de tous les gouvernemens connus. C’est dans ces deux vérités, financièrement parlant, que consiste, selon moi, son excellence. La Revue britannique a raison dans ses citations. Nous payons les sommes qu’elle dit, aux officiers de l’armée et de la marine, aux commis des bureaux, aux juges, aux membres du congrès, et à tous les autres. La conséquence est que ceux qui travaillent sont honnêtement récompensés ; qu’ils sont placés au-dessus de la tentation de mal faire, de recevoir des présens, ou d’abuser autrement de leur situation, pour vivre ; et en même temps que j’admets que l’homme n’est pas parfait en Amérique, pas plus qu’ailleurs, j’ajoute que cette politique produit d’excellens fruits. Mais à quoi sert d’établir les salaires particuliers de certains officiers, si l’on n’ajoute que, malgré leur taux élevé, ils sont tous