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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/186

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sont à peine rétribués. Il n’y a que cinq cités dans l’état, et par conséquent il n’y a que cinq mayors, et tous leurs salaires réunis ne dépassent pas la somme attribuée par la Revue britannique au mayor de New-York.

Toutes les comparaisons qu’on peut établir entre les impositions de cette nature, pour en apprécier le caractère plus ou moins onéreux, sont nécessairement relatives. Il y a telle communauté qui paie plus facilement qu’une autre les charges publiques, et après l’acquittement de l’impôt, il y a tel pays où les institutions assurent à l’argent un meilleur emploi que dans un autre.

Permettez-moi maintenant de porter votre attention vers l’extrait que j’ai fait de la Revue britannique. Le rédacteur paraît croire que, lorsque la population des États-Unis sera devenue aussi serrée qu’en France, les citoyens seront obligés de supporter une liste civile très différente de celle qui est maintenant portée sur leur budget. Cette idée a long-temps prévalu chez les publicistes d’Europe. Quant à moi, je pense que cent millions d’hommes seront plus capables de défendre leurs libertés et conséquemment leurs droits naturels que treize millions. Qu’une nation comprenne profondément ses privilèges, et il ne sera pas facile de l’en priver. L’expérience montre qu’il n’y a aucune règle absolue à ce sujet. La Belgique, le pays le plus populeux d’Europe a maintenant la constitution la plus libérale qui existe, la Suisse exceptée ; et les cantons de Zurich, d’Argovie, et en partie de Saint-Gall, sont au nombre des portions les plus populeuses de la chrétienté. La Hollande, lorsqu’elle était république, était extrêmement peuplée, et l’Espagne aujourd’hui n’a pas une population aussi serrée que la plupart des états américains. En un mot, il est à peine possible d’imaginer dans un gouvernement paternel un état de choses tel que la masse ne soit pas intéressée à maintenir l’ordre. Tous les argumens tirés des excès d’une population européenne, qui se trouve tout-à-coup souveraine, ne me paraissent pas mériter d’être pris en considération. Si la réaction produite par la révolution de 1830 n’a pas été si violente que celle de 1789, c’est tout simplement parce que les abus à réformer étaient moindres, et on ne devrait pas