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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/257

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SCÈNES HISTORIQUES.


IV.


C’est infernal ! dit Charlotte.


Un mois après que ces choses s’étaient passées à Paris, de grands évènemens politiques s’accomplissaient à l’entour de cette ville.

Jamais la monarchie française n’avait été menacée d’une ruine plus prochaine qu’en ce moment : trois partis déchiraient le royaume à belles dents, et c’était à qui en tirerait à lui les plus riches lambeaux.

Henri v, roi d’Angleterre, accompagné des ducs de Clarence et de Glocester ses frères, était, comme nous l’avons dit, débarqué à Touques, en Normandie ; il avait aussitôt attaqué le château de ce nom, qui, après quatre jours de combats, avait capitulé ; de là il était allé mettre un siége régulier devant Caen, que défendaient deux seigneurs de mérite et de nom, Lafayette et Montenais. Leur résistance opiniâtre ne servit qu’à faire prendre la ville d’assaut. Le souvenir récent des victoires d’Honfleur et d’Azincourt, se mêlant au bruit de ces nouveaux triomphes, la consternation se répandit dans la Normandie ; plus de cent mille personnes émigrèrent, et se sauvèrent en Bretagne, si bien que le roi d’Angleterre n’eut besoin, pour conquérir Harcourt, Beaumont-le-Roger, Évreux, Falaise, Bayeux, Lisieux, Coutances, Saint-Lo, Avranches, Argentan et Alençon, que de se montrer devant ces villes, ou d’y envoyer des détachemens. Cherbourg seul, défendu par Jean d’Angennes, l’arrêta plus de temps devant ses murs que ne l’avaient fait ensemble toutes les villes que nous avons nommées ; mais cette place se rendit enfin à son tour, et avec elle toute la Normandie, dont elle est la porte, tomba sous la domination de Henri v d’Angleterre.

De son côté, la reine et le duc occupaient la Champagne, la