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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/298

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marins célèbres déploient dans ces recherches de 1576 à 1596 toutes les ressources d’une audace peu commune. Forbisher reconnaît les parties méridionales du Groënland, ou Meta-Incognita, oublié depuis 1406, traverse le détroit qui garde son nom, et se désabuse sur les prétendues richesses des régions polaires. Le mauvais succès de ses trois voyages produit du découragement ; mais Drake, plus heureux dans d’autres mers, ranime l’ardeur de la nation, et Davis découvre l’étendue de mer qui sépare le Groënland de l’île de Cumberland, tandis que le Hollandais Barentz aperçoit le premier le Spitzberg et l’île Cherrie. Ces pénibles travaux, abandonnés pendant quelque temps, sont repris en 1618. Hudson atteint, sur la côte orientale du Groënland, au 73e degré, s’élève jusqu’au 82e, puis pénètre dans la baie profonde qui rappelle le souvenir de ses découvertes, perfectionnées l’année suivante par Button. En 1611-3, Jean Magen aborde à l’île qui porte son nom, et pendant dix années la pêche de la baleine contribue dans ces parages aux progrès de la géographie. Baffin, Smith, Bylot et Hall explorent les contours de la mer de Baffin, et restent persuadés qu’elle n’offre aucune issue ni vers le nord ni vers l’ouest. En 1619, John Munk le Véridique parvient le premier dans la baie Welcome, ou Mare Christianeum ; en 1631, James découvre un golfe au fond de celle de Hudson, et bientôt après James et Fox atteignent les glaces immobiles dans le bras de mer qui sépare les îles de Cumberland et de Southampton. Enfin, en 1668, Gillam Desgroseilliers et Radisson examinent avec attention les rivages de la baie de Hudson, et construisent un fort où leurs descriptions attirent une colonie anglaise : la France avait refusé de recueillir les avantages que ces lieux offraient pour établir des communications maritimes avec le nord du Canada.

Le souvenir de leurs colonies négligées de L’OEsterbygd attire les Danois dans ces parages glacés ; en 1578, Mogens Heinson fait un voyage inutile qui trahit sa timidité et l’ignorance du temps ; mais, en 1605, Gotske Lindenau et Hall examinent les côtes du Groënland à l’ouest du cap Farewell ; c’est sans aucun succès que Carsten Richardson dirige ses efforts vers le même