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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/646

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CHRONIQUE LITTÉRAIRE


ALI LE RENARD,
OU
LA CONQUÊTE D’ALGER.
PAR EUSÈBE DE SALLE.[1]


Ce n’est précisément ni un roman ni une histoire. Qu’est-ce donc ? Vraiment, je n’en sais rien. Ce n’est pas au moins que je m’inquiète beaucoup de la classification et de la distinction des genres. Je ne suis pas de ceux qui excommunient un homme, s’ils ne peuvent dès les premières pages deviner si un livre appartient de droit à la poésie ou à l’histoire, si l’auteur, en prenant la plume s’est proposé le drame ou la satire, la comédie ou la rêverie, s’il a voulu simplement raconter de son mieux ce qu’il a vu et senti, sans y mettre du sien, ou s’il a pris seulement un épisode de sa vie réelle comme Mozart ou Rossini prennent un thème, comme Raphaël et Léopold Robert prennent une figure italienne, usant d’ailleurs de la liberté du musicien et du peintre, modifiant à son gré, selon sa fantaisie, le type ou le thème qu’il a choisi. Le système administratif de Napoléon n’a rien à faire avec l’art et la poésie ; demandez-moi si Rembrandt est un peintre d’histoire : je n’aurai qu’une réponse à vous faire ! Aimez-vous la peinture ? Si vous insistez, je vous demanderai des nouvelles de vos enfans, ou je vous proposerai une tasse de thé. Cervantes, Jean-Paul et Sterne ne rentrent, que je sache, dans aucune des catégories de Lebatteux, Marmontel et Laharpe, et je les en félicite pour ma part. Mieux vaut cent fois dérouter les catégories que les inventer.

Je ne veux donc pas chicaner M. Eusèbe de Salle sur la réalité ou la poésie

  1. Deux vol. in-8o. Chez Charles Gosselin, ornés de vignettes dessinées par Tony Johannot, et gravées sur bois par Porret.