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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/721

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REVUE DES DEUX MONDES.

On connaît les beaux travaux de M. Avogadro sur la physique atomistique, et ceux de M. Cisa de Gresy sur les perturbations des planètes, et sur différentes branches de l’analyse. M. Colla trouve le moyen d’être à-la-fois un avocat savant et un botaniste distingué. Il a réuni dans son jardin de Rivole les plantes les plus rares des deux continens, et il en publie la description à mesure qu’elles fleurissent. L’histoire naturelle vient de perdre Bonelli, qui jouissait d’une réputation méritée. Joubert a appliqué avec succès aux arts ses grandes connaissances chimiques, et Cantu s’est illustré par la découverte de l’iode dans les sources minérales. Le major Omodei soutient dignement dans l’artillerie l’héritage que lui a laissé Papacino degli Antoni ; M. Mosca a élevé un des plus beaux monumens de l’architecture moderne dans son magnifique pont sur la Dora, et Rolando, dont on déplore la perte récente, avait, par ses belles recherches sur la physiologie du cerveau, ouvert la route aux mémorables découvertes de M. Flourens sur le même sujet.

La littérature savante n’est pas cultivée avec moins de succès que les sciences abstraites. Alfieri, Denina et Baretti, quoique Piémontais, n’exercèrent que peu d’influence dans un pays qu’ils avaient quitté avant d’établir leur réputation. Mais Caluso y introduisit l’étude approfondie de la littérature grecque et des langues orientales, et Vernazza, homme d’une érudition immense, quoiqu’un peu aride, dirigea les esprits vers les recherches exactes et positives en histoire ; et tandis que vers la fin du siècle dernier l’ancienne littérature italienne était tombée dans un tel oubli, qu’on affectait de ne se servir que de phrases et de mots étrangers, Napione eut le mérite d’être un des premiers à élever la voix pour tâcher de remettre en honneur la langue du Dante et de Pétrarque, et pour conseiller aux Italiens d’avoir une nationalité au moins dans les mots.

Caluso a créé une école d’où sont sortis Peyron, Boucheron et d’autres savans distingués. Peyron, qui passe pour être l’un des premiers hellénistes de l’Europe, a expliqué, avec un savoir profond et une rare sagacité, les monumens grecs du beau musée égyptien de Turin. L’Italie attend de lui, avec im-