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PENSÉES DE JEAN-PAUL.

Jean-Paul était naguère si peu connu en France, que M. Van-Praët feuilletait vainement son énorme catalogue, et que ni Jean-Paul, ni Richter, son nom de famille, ne se trouvaient mentionnés dans le volumineux recueil. La bibliothèque royale ne renfermait aucun de ses ouvrages, et notre plus célèbre bibliographe ignorait jusqu’à leur existence !

Le nom de Jean-Paul est maintenant si généralement répandu, sa gloire a retenti si haut dans le monde de la pensée et de l’imagination, qu’on rougirait aujourd’hui d’une telle ignorance, et qu’on serait tenté de croire qu’un siècle nous sépare de cette époque de ténèbres ; cependant nous y touchons presque, et il ne s’est encore écoulé que peu d’années ; mais, dans ce court espace de temps, plusieurs traductions de morceaux extraits des nombreux ouvrages de Jean-Paul nous ont mis un peu plus en état de juger par nous-même du mérite de cet écrivain, dont la popularité semble toujours aller croissant, à mesure que ses cendres se refroidissent. Les beautés que l’on remarque dans les productions de Jean-Paul n’appartiennent qu’à lui seul : il serait trop long de les énumérer ici. Qu’il nous suffise de dire que, de tous les humoristes allemands, il est le plus original et le plus piquant : il a donné à l’humour les ailes de la poésie et l’a élevé à une telle hauteur, il l’a réchauffé par une philanthropie si tendre, éclairé par une philosophie sa douce, consolé par une religion si sublime, qu’il peut être lui-même considéré comme le fondateur de la véritable école humoristique. Nous n’entrerons pas dans plus de détails sur la personne et sur les écrits de Jean-Paul, mais nous nous proposons d’offrir bientôt à nos lecteurs une notice raisonnée qui puisse leur donner une idée plus approfondie de son caractère et des développemens plus explicites sur ses ouvrages. En