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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/728

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PENSÉES DE JEAN-PAUL.

attendant que nous soyons à même de remplir cet engagement, nous nous empressons de faire connaître ici une première suite aux pensées de Jean-Paul, que le traducteur a bien voulu nous adresser, et qui peut être considérée comme un supplément au petit volume qu’il a publié il y a environ deux ans.


Comment les femmes ne se haïraient-elles pas, puisqu’elles ne voient dans leur sexe, que des rivales ? — Elles font toutes les unes contre les autres le serment d’Annibal contre les Romains. — Cette animosité est peut-être le motif qui a forcé saint Anastase, Bazile, Scot et d’autres docteurs de l’église, d’établir que les femmes, à l’exception de Marie seule, changeraient de sexe et ressusciteraient comme hommes au jugement dernier, pour que le ciel ne fût troublé par aucune dissension ni jalousie.


Le génie de l’univers s’avance au-dessus de nous avec l’impétuosité de l’ouragan ; nous n’entendons que ses murmures, nous ne voyons que ses ravages, mais nous ne voyons pas combien il crée, combien il purifie ; nous ne le remarquons qu’après qu’il s’est éloigné. — Le destin, comme Leibnitz, nous présente le calcul de l’infini ; mais, comme lui aussi, il nous en cache la preuve.


Mourir pour la vérité, ce n’est pas mourir pour la patrie, mais pour le monde entier. — La vérité, comme la Vénus de Médicis, passera à la postérité en trente fragmens divers ; mais celle-ci les rassemblera, et de ces ruines saura former une déesse. — Et ton temple, éternelle vérité, maintenant à demi-caché sous la terre, mis à découvert en creusant les sépultures de tes martyrs, s’élèvera enfin au-dessus du sol, et chacune de ses colonnes de bronze dominera une tombe chérie.


De même qu’au printemps nous pensons plus à la mort, à