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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 5.djvu/733

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REVUE DES DEUX MONDES.

Les plus doux instans d’une visite sont ceux qui en reculent le terme ; lorsque l’on tient déjà sa canne ou son éventail, et que pourtant on ne s’en va point.


Les grands de la terre sont pâles, ils n’ont point de sang, excepté le peu qu’ils expriment de leurs sujets, ou qui s’attache à leurs mains, de même que les insectes n’ont point d’autre sang que celui qu’ils ont sucé à d’autres animaux.


Je donnerais dix optimistes idéologues pour un optimiste moral, qui ne sache pas jouir d’une seule plante, comme la chenille, mais de tout un parterre des fleurs de la joie, comme l’homme ; qui n’ait pas cinq sens, mais qui en ait mille pour tout, pour les femmes et pour les héros, pour les sciences et pour les parties de plaisir, pour la comédie et pour la tragédie, pour la nature et pour les cours. — Il y a une sorte de tolérance sublime qui n’est point le fruit de la paix de Westphalie, mais d’une vie épurée par les années et par les progrès. Cette tolérance trouve ce qu’il y a de vrai dans chaque opinion, de beau dans chaque espèce de beauté, ce qu’il y a de comique dans chaque plaisanterie, et dans les hommes, dans les peuples et dans les livres, elle ne prend pas la diversité et l’individualité des perfections pour l’absence de ces dernières. Ce n’est pas seulement ce qui est excellent qui doit nous plaire, mais encore ce qui est bon.


Sans sympathie, il peut y avoir de la chirurgie, mais point d’amitié.


Le premier amour, quoique le plus déraisonnable est cependant le plus saint. Son bandeau est, à la vérité plus épais et