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POÉSIE.


Pourquoi la mort ? Pourquoi son ombre
Couvrir d’un voile affreux et sombre
Les plaisirs bruyans des salons ?
De nos destins le ciel est maître :
Et le ciel semblait nous promettre
Des jours si longs !

Toute une nuit, jeunesse folle
Qui sourit, devise et s’envole
Au son du luth, au son du cor ;
L’air était doux, l’âme était tendre…
— Et le matin vint nous surprendre
Dansant encor.

III

Ainsi donc vous pensiez, insensés que vous êtes,
Que Dieu ne serait jamais las ;
Que le ciel pour vous seuls n’aurait pas de tempêtes ;
Et qu’enfin le Seigneur ne se lèverait pas !
Vous disiez : « Le ciel nous oublie :
Son tonnerre n’a pas grondé… »
De vos crimes alors la coupe fut remplie :
Une goutte y tomba, le vase a débordé.

Malheur ! car le fléau qui brûle et qui dévore
Nous étreint de son bras de fer ;
Et quand la mort qui vient nous prend ivres encore,
Malheur ! il n’est qu’un pas de la tombe à l’enfer.
Prier ! — Les voilà bien les lâches !
On insulte à Dieu sans effroi,
On imprime à son cœur d’ineffaçables taches,
Et quand la foudre gronde, on dit : Pardonnez-moi !

Deux villes s’élevaient, — deux sœurs, — resplendissantes,
Le front de roses parfumé ;