Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/593

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
587
REVUE. — CHRONIQUE.

À moins cependant que M. Viennet, dont l’influence est grande à l’institut comme à la Chambre, ne parvienne à rallier à M. Thiers la majorité académique. Il doit bien en conscience ce dédommagement au député d’Aix, si déjà ce dernier n’a demandé et n’a obtenu réparation de l’Épître du député de Béziers.

Mais que satisfaction soit faite à M. Thiers, est-ce donc assez ? Ce n’est pas à lui seulement au moins que l’Épître de M. Viennet est injurieuse. La poésie, la langue, le bon sens, le bon goût, le pays, ne sont-ils pas également insultés par elle, sans que, pour les désarmer, on leur puisse promettre les mettre de l’académie ?

En vérité, cette nouvelle provocation de M. Viennet nous pousse à bout, et nous fait sortir de notre caractère. Conçoit-on que les journaux aient inséré dans leurs colonnes pareille poésie, et n’y aient point été contraints en vertu de je ne sais plus quelle loi de 1822 et d’une ordonnance du préfet de police ? Conçoit-on que cela se soit trouvé d’abord dans le Journal des Débats, dans ce même feuilleton qui nous avait habitués aux belles choses, et qui nous donnait aux grandes occasions les odes de M. Victor Hugo ? Et maintenant ce sont des vers de M. Viennet ! — Hélas ! si du moins ceux-là restaient où reposent ses livres ! Mais non, cela va courir l’Europe et le monde avec le journal ! Quelle humiliation nationale ! Que dira-t-on d’un peuple qui a de tels poètes ? Que dira-t-on de ces vingt académies dont M. Viennet est membre ? Quelle solidarité pour elles !

Réfugions-nous donc bien vite en France, et à propos du député de Béziers rappelons sans détails et seulement pour mémoire l’émeute de cette ville et celles de Clermont et de Grenoble. En chroniqueur fidèle nous devons au moins les enregistrer ainsi ; l’histoire d’une quinzaine sans émeute serait évidemment trop incomplète ; nous laissons d’ailleurs les développemens aux Froissart du Constitutionnel et de la Gazette.

Revenons cependant à Paris, et toujours à propos de M. Viennet occupons-nous de ce qui s’y est fabriqué dernièrement en matière d’art et de poésie.

Même inaction, même solitude à nos grands théâtres. Toujours Louis xi aux Français. Promesse seulement d’un chef-d’œuvre