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ITALIE. — ROYAUME LOMBARDO VÉNITIEN.

siècle, la gloire littéraire de Venise parvint à son plus haut degré de développement. Non-seulement le sol de la république donna naissance à des hommes célèbres comme Palladio, Tartaglia, Fracastoro, Bembo, le Titien, etc. ; mais Venise servit aussi d’asile à un grand nombre d’autres Italiens illustres qui fuyaient la tyrannie de Charles v ou les rigueurs de la cour de Rome. L’aristocratie vénitienne, inexorable envers ceux qui osaient s’immiscer dans sa politique intérieure, permettait cependant qu’on combattît avec une certaine liberté contre l’oppression étrangère et le joug de la superstition : c’était là que Strozzi, Varchi, della Casa, cherchaient un abri contre les fureurs d’Alexandre et des Médicis : c’était là que Brucioli et d’autres se retiraient pour prêcher hardiment la réforme. L’histoire redira toujours que plus tard la république de Venise accueillit Galilée, forcé de s’expatrier dans sa jeunesse, et protégea Fra Paolo Sarpi contre lo stile della curia di Roma.

Dans les siècles suivans, Venise et l’université de Padoue, sans pouvoir compter des hommes aussi illustres que ceux que nous venons de citer, conservèrent cependant une sorte de suprématie littéraire sur toute la Lombardie. Mais, vers le milieu du siècle dernier, Milan parut s’éveiller d’un long sommeil. Cette ville, qui venait de passer sous la domination autrichienne, reprit une vie nouvelle, et l’on vit s’élever successivement Beccaria, Verri, Parini, Volta, Spallanzani et d’autres hommes célèbres qui, sous l’administration éclairée du comte de Firmian, répandirent au loin la gloire de leur patrie.

Sous le règne de Napoléon, les sciences et les lettres furent puissamment encouragées en Lombardie. Milan, capitale alors d’un royaume de huit millions d’habitans, avec une cour brillante, offrant mille moyens de faire fortune, attirait dans son sein tout ce qu’il y avait de plus distingué entre les Alpes et les Appennins. Quelques savans devenus tout puissans, comme Paradisi et Aldini, protégeaient efficacement les jeunes gens qui suivaient la carrière littéraire ou scientifique. D’autres composaient la partie active de l’Institut national italien.

Cette célèbre assemblée, qui à peine formée comptait des