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privée contiennent cependant plusieurs nouvelles presque entièrement irréprochables. Le Conseil n’offre que de jolis morceaux, et ne satisfait pas complètement ; mais le Rendez-vous est une histoire intéressante et vraie d’un bout à l’autre. La Femme de trente ans nous semble la meilleure des nouvelles Scènes de la vie privée : c’est un petit tableau plein de coquetterie et de délicatesse. Le portrait de la marquise de Vieumesnil y est surtout bien dessiné, et peint avec beaucoup de finesse. Ces diverses pièces pèchent néanmoins toujours quelque peu par le style. Mais qu’y faire, M. de Balzac ne veut pas écrire. Il ne daigne point en prendre le temps ; cependant, s’il écoutait nos conseils, il se défierait singulièrement de sa dangereuse facilité ; il laisserait mûrir ses plans et ses pensées ; dans ses fabrications de romans, de nouvelles et de contes, il viserait moins à la quantité qu’à la qualité : bref, il saurait se borner. — Mais en vérité, ce n’est pas l’instant de soumettre ces sortes d’avis à M. de Balzac. En ce moment, il est sans doute préoccupé de soins bien autres que celui de sa réputation littéraire. L’ambition politique lui est venue avec le cens de l’éligibilité. D’homme de lettres, voici qu’il essaie de se transformer en homme d’état, ou du moins en homme de parti. Candidat légitimiste à la députation de Chinon, voici qu’il entre dans l’un des bassins de la balance électorale avec tout son bagage fantastique, drolatique et philosophique, tandis que M. Girod de l’Ain se place gravement dans l’autre avec toute sa capacité ministérielle et les souvenirs de sa présidence. Nous ne tarderons pas à savoir lequel des deux aura fait pencher de son côté la balance, lequel des deux les électeurs auront jugé peser assez pour aller siéger à la chambre. En attendant, nous souhaitons bonne chance à M. de Balzac.


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