Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/725

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
719
REVUE. — CHRONIQUE.


a memoir of sebastian cabot, etc. Mémoire sur Sébastien Cabot, auquel on a ajouté un Coup d’œil sur l’histoire des découvertes maritimes, et des documens extraits des archives d’Angleterre, et publiés pour la première fois. Londres, in-8. 1831.


Le but de l’auteur de ce mémoire est de réparer une injustice que les historiens, même les plus recommandables, ont commise à l’égard de Cabot, et de prouver que ses découvertes ne sont pas fabuleuses, comme plusieurs d’entre eux l’ont prétendu. Les faits qu’il rapporte à l’appui de son opinion, il les a puisés aux sources les plus authentiques, et il a exhumé des archives de la Grande-Bretagne plusieurs documens précieux, relatifs à ce célèbre navigateur, qui n’avaient point encore vu le jour.

L’auteur s’attache d’abord à fixer d’une manière précise le degré de latitude que Cabot a dû atteindre, en naviguant le long du continent américain, et à concilier la dissidence des écrivains sur ce point important. Par exemple, on lit dans un Discours sur Sébastien Cabot, « qu’un négociant de Cadix, qui disait avoir eu plusieurs entretiens avec lui, avait raconté à Galearius Butrigarius, légat du pape, en Espagne, que ce navigateur lui avait dit qu’il n’était point allé au-delà du 56° de latitude. Hakluyt, qui rapporte ce prétendu entretien, publie six versions différentes de ce voyage. D’un autre côté, Ramusio déclare avoir vu une pièce, écrite de la main de Cabot, et dans laquelle celui-ci assurait formellement avoir dépassé le 67°. Pierre Martyr, d’Angleria, n’indique point le degré de latitude, mais il dit que Cabot pénétra jusqu’à une région tellement nord, « qu’il y faisait presque continuellement jour ». François Lopez Gomara dit que « Cabot doubla le cap Labrador, et dépassa le 58° de latitude, où il trouva les jours très longs et pour ainsi dire point de nuit, et que le peu qu’il y en avait était très clair. »

L’auteur attribue la divergence d’opinion des historiens sur ce point, à l’erreur commise par Hakluyt, qu’ils ont servilement copié sans prendre la peine de vérifier l’exactitude de son récit. Il soutient que Cabot a pénétré au-delà du 67° et s’appuie sur le témoignage de De Bry[1], Belleforest[2], Chauveton[3], etc., etc. Ce dernier dit que « Sébastien Gabotto entreprit aux despens de Henry vii, rex d’Angleterre, de chercher quelque passage pour aller en Catay par la Tramontaine. Cestuy la descouvrit la pointe de Baccalaos, que les mariniers de Bretaigne et de Normandie appellent la coste des Molues (morues) et plus haut jusqu’à 67° du pôle ». Thomas Churchyard, dans son récit du voyage de Frobisher à Meta Incognita[4], déclare que « Gabotto est le premier qui, sous le règne de Henri vii, ait découvert ces terres et mers glacées, à partir

  1. Grand Voyage, t. iv, p. 69.
  2. Cosmographie universelle, Paris, 1576, t. ii, p. 2,175.
  3. Du Nouveau Monde, Genève, 1579, p. 141.
  4. Publié à Londres en 1578.