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REVUE. — CHRONIQUE.

attentat isolé, et contre lequel la chambre des communes et la chambre des lords se sont empressées de protester unanimement par d’énergiques adresses. À la bonne heure. Cependant il est bien vrai que ce prince a perdu l’affection de ses peuples. Déjà leurs ressentimens se trahissent par des symptômes qui ne permettent pas au moins de redouter qu’une autre sainte-alliance trouve de long-temps en Angleterre un point d’appui sur un nouveau ministère tory. Au surplus, ce qui tranche la question et garantit même officiellement la paix, c’est l’arrivée du prince de Talleyrand qui nous revient de Londres, rapportant le protocole définitif de la conférence, celui qui, jugeant en dernier ressort, et sans appel, le procès de la Belgique et de la Hollande, contraint par corps le roi Guillaume, le plus acharné des deux plaideurs, à vivre en bonne intelligence avec son voisin. Cette petite guerre conjurée, que les autres nations de l’Europe s’arrangent à leur guise. Chaque peuple devra maintenant vider ses querelles, et faire ses révolutions en famille.

Après avoir achevé, non sans peine, ce replâtrage et ce raccord des traités quelque peu lézardés de 1815, voici donc le doyen de nos entrepreneurs de diplomatie qui repasse enfin la mer. Peut-être le paquebot qui le ramenait en France se sera-t-il croisé avec quelque pauvre barque de pêcheur reconduisant en Angleterre madame la duchesse de Berry. Dans l’incertitude où nous sommes sur le sort de cette princesse, nous souhaitons bien qu’elle ait pu s’en retourner ainsi saine et sauve à Holy-Rood. Si elle ne s’est embarquée déjà, qu’elle parte du moins, qu’elle se hâte. Ne doit-elle pas être maintenant assez convaincue que tous ses efforts et tout son courage ne suffiront jamais pour reconstruire chez nous le trône renversé de son fils ? D’ailleurs, elle n’a nul reproche à se faire. Ce n’est pas elle qui a manqué à la Vendée : c’est la Vendée qui lui manque et qui l’abandonne. L’incendie que sa présence avait allumé dans les départemens de l’Ouest commence à s’apaiser et sera sans doute bientôt tout-à-fait éteint. L’insurrection semble s’être ensevelie sous les ruines du château de la Penissière. Les bandes de chouans se dispersent et leurs chefs les plus influens se sont soumis déjà. Ce der-