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On sait que le cœur de la grenouille, l’un des plus simples parmi les animaux vertébrés, n’a qu’un seul ventricule (aidé, à la vérité, par un bulbe artériel contractile), duquel partent toutes les artères, et une seule oreillette d’où partent toutes les veines, savoir, celles des parties postérieures par la veine cave postérieure, et celles des parties antérieures par les deux veines caves antérieures.

Ces deux veines caves antérieures s’étendent de la tête à l’oreillette, et comme la veine postérieure, elles battent dans toute leur étendue d’une manière constante et régulière en rapport avec les mouvemens de l’oreillette ; leur mouvement du reste n’est pas produit par la contraction de cette oreillette, comme on peut s’en assurer par des expériences analogues à celles que nous avons rapportées plus haut, il en est de même du battement des veines iliaques d’une part, et des veines axillaires de l’autre ; ces veines séparées des veines caves n’en continuent pas moins de battre comme avant la séparation.

En se reportant aux différences déjà connues, entre les fonctions circulatoires des animaux à sang froid et celles des animaux à sang chaud, on conçoit comment, chez les premiers, il pouvait y avoir besoin de cette contraction des veines qui n’existe point chez les autres. Chez les premiers, en effet, et spécialement chez les batraciens, le cœur n’a qu’une faible puissance de contraction, et les artères n’ont pas de battemens sensibles ; enfin le thorax y est immobile ; de sorte que la plupart des agens qui accélèrent la circulation chez les animaux à sang chaud, devenant impuissans chez les animaux appartenant à la classe qui nous occupe, il fallait qu’un nouveau principe de mouvement vînt s’ajouter aux autres et suppléât à leur faiblesse.


M. Cuvier lit un mémoire sur les œufs de la sèche, mémoire écrit depuis peu de temps, mais dont tous les élémens existaient déjà dans les préparations faites par lui, déposées depuis plus de dix-sept ans dans les galeries du Muséum d’histoire naturelle, et dont il avait, à diverses reprises, donné la démonstration dans ses cours. Malgré cette sorte de publicité qu’on serait tenté de considérer comme équivalente à celle qui s’obtient par la voie de l’impression, l’histoire du développement des céphalopodes continuait à être considérée comme un des points encore peu connus de l’histoire naturelle. Le mémoire de M. Cuvier éclaircit parfaitement cette question, explique comment un observateur estimable d’ailleurs, Cavolini, a pu avancer que le vitellus chez les jeunes sèches pend à la bouche, et montre enfin qu’Aristote a eu, sur le développement de ces céphalopodes, des notions très justes, quoiqu’on eût pu soupçonner le contraire, grâces aux bévues des commentateurs et à celles des traducteurs.

L’œuf de sèche est un sphéroïde elliptique, ayant à une extrémité un petit mamelon et à l’extrémité opposée un pédicule terminé par un anneau qui embrasse quelque corps étranger sur lequel cet œuf est fixé ; quelquefois une branche de fucus porte un nombre considérable de ces œufs, et présente ainsi dans son ensemble l’aspect d’une grappe de raisin.

Lorsqu’on a ouvert la coque opaque de l’œuf, on trouve dans son intérieur