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REVUE SCIENTIFIQUE.

sais. L’une ne différait point de la colle-forte, l’autre était de la gélatine alimentaire de deuxième qualité, préparée dans l’établissement de l’Île-des-Cygnes. Chacune de ces qualités servit pour une série séparée d’expériences.

L’activité de la nutrition étant beaucoup plus grande dans le premier âge qu’à toute autre époque, il était convenable, afin d’avoir des résultats promptement appréciables, d’agir sur de jeunes animaux. Tous étaient pris en bon état, et leur poids était soigneusement constaté avant qu’on les mît au nouveau régime. À chacun d’eux on servait deux fois le jour la soupe à la gélatine, et on les en laissait manger autant qu’ils le voulaient.

Nous ne pouvons donner ici le détail de toutes les expériences qui furent dirigées avec beaucoup de sagacité et exécutées avec une extrême précision. Cependant, comme la question à laquelle elles se rattachent est de la plus haute importance, nous reproduirons les suivantes :

Le chien no 1, d’âge à augmenter en taille et en poids, et pesant, au début de l’expérience, deux mille deux cent cinquante grammes, est mis au régime du pain et du bouillon de colle. Le onzième jour, il avait perdu cent vingt-quatre grammes. Pesé sept fois dans l’intervalle, il offre des alternatives d’accroissement et de diminution en poids, mais toujours au-dessous du point de départ.

Il était évident, à cause des accroissemens relatifs du poids et de la durée des expériences, que le régime était nutritif, mais qu’il était insuffisant.

La chienne no 2, pesant mille cent sept grammes, venant d’être sevrée, fut soumise le même temps au même régime. Elle avait, au bout de ce temps, gagné cent quarante grammes. Cette augmentation montrait bien que l’aliment qu’elle avait pris était nutritif, cependant elle avait maigri, donc l’aliment était insuffisant. La même conclusion se tirait d’ailleurs des fluctuations observées dans le poids comme pour le cas précédent.

Ayant reconnu l’insuffisance de la gélatine inférieure associée au pain, il fallait faire les mêmes essais avec la gélatine alimentaire.

Le chien no 1, qui avait servi aux expériences précédentes, et qui avait perdu, après onze jours du premier régime, cent vingt-quatre grammes, fut mis de suite au nouveau régime de pain et de gélatine alimentaire. Ce régime fut continué pendant soixante-quinze jours. Le chien alors acquit une augmentation de poids de cent cinquante-neuf grammes, d’où il s’ensuit qu’il avait non-seulement regagné ce qu’il avait perdu par le régime précédent, mais aussi qu’il avait dépassé de trente-cinq grammes le premier point de départ.

Ce fait, disent les auteurs, est tellement tranché, qu’il prouve d’une manière incontestable, que le régime de pain et de gélatine alimentaire est nutritif et même qu’il l’est beaucoup ; mais cela ne prouve pas encore qu’il soit suffisant, qu’il puisse seul entretenir la santé, fortifier et développer le corps.

Pour éclaircir ce point, il est nécessaire de suivre la marche de la nutrition, telle qu’elle s’est opérée sous l’influence de ce régime. Dans les soixante-quinze jours, on a fait onze pesées un peu éloignées, afin d’éviter les variations diurnes de poids qui ont lieu dans les nutritions les plus complètes. Dans cet espace de temps, il y a eu une fluctuation remarquable, tantôt au-dessus, et tantôt