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REVUE SCIENTIFIQUE.

même espace de temps pour chaque régime. Nourri de pain et de gélatine, il avait perdu dans trente-quatre jours deux cent neuf grammes ; nourri ensuite pendant trente-quatre autres jours avec le pain et l’eau, il perdit quatre cent soixante-quatre grammes, c’est-à-dire plus du double.

Ces cinq expériences, comme on le voit, tendent toutes également à prouver en faveur des propriétés nutritives de la gélatine.

Le régime de soupe de gélatine étant reconnu insuffisant, on ne pouvait guère douter qu’un animal qui y serait tenu assez de temps ne finit par périr ; c’est en effet ce qui arriva dans la seule expérience qu’on crut devoir pousser jusque-là. L’animal qui, avant de mourir avait atteint le plus haut degré d’amaigrissement et de faiblesse, ne présenta aucune altération organique, mais tous ses tissus étaient d’une maigreur et pâleur extrêmes.

Il paraît que lorsqu’un animal éprouve ainsi une déperdition graduelle par la continuation d’un régime nutritif, mais insuffisant, il y a pour la réduction du poids du corps une limite au-delà de laquelle le danger de mort est imminent. Diverses expériences ont porté les auteurs du mémoire à fixer pour les animaux à sang chaud cette limite au sixième de leur poids primitif, et ils ont reconnu que le péril était le même, soit que ces animaux fussent arrivés lentement à ce degré de décroissance par le régime au pain et à la gélatine, soit qu’ils l’eussent atteint rapidement par le régime de pain et d’eau.

Il convenait de rechercher à quelle époque il était encore temps de ranimer la vie et quel changement il fallait au régime pour y réussir.

Le chien no 1, qu’on avait mis successivement aux deux régimes, avait atteint la limite où il était en danger de mourir. À cette époque on le met au pain et au bouillon de viande, régime qui ne diffère du premier que par l’addition de quelques principes sapides et odorans en quantité presque inappréciable. Cependant, grâces à ce changement, il ne meurt point, et dès le septième jour il a gagné sept cent vingt-cinq grammes, c’est-à-dire presque tout ce qu’il avait perdu. En sept jours de plus, il dépasse de six cent quatre-vingt-treize grammes le poids primitif.

Les expériences faites sur les no 2 et 3, pris comme le no 1 au dernier état de faiblesse, donnent des résultats parfaitement conformes à celui que nous venons d’exposer, et prouvent que le régime au pain et au bouillon de viande est propre à ramener d’un dépérissement extrême à l’état de pleine santé. Mais on sait que ce qui est capable de ranimer les forces défaillantes et de rendre la santé, n’est pas toujours propre à entretenir et à faire croître le corps. Devait-il en être de même du régime dont nous parlons ? Les expériences faites par les auteurs leur ont prouvé que ce soupçon n’était nullement fondé. En effet, en nourrissant ainsi de jeunes chiens, ils n’ont point remarqué que leur croissance en fût retardée, et surtout ces animaux ne leur ont jamais offert ces fluctuations de poids qui sont un sûr indice de l’insuffisance de l’alimentation.

Le régime au pain et à la gélatine pure étant insuffisant, et au contraire celui au pain et au bouillon de viande suffisant complètement, il a fallu savoir si, en combinant ces deux régimes, on ne parviendrait pas à nourrir les animaux sans