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Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/205

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STATUE DE LA REINE NANTECHILD.

à Notre-Dame-de-Laurette, les autres, au-delà des Pyrénées, à Saint-Jacques-de-Compostelle, les plus fervens, outremer, à Jérusalem. Dans ces voyages, les pèlerins se familiarisaient avec l’élégance des constructions pisanes, bysantines et mauresques. De ce temps date aussi l’envoi de jeunes clercs à Constantinople pour y étudier à sa source le goût oriental. Dès la fin du onzième siècle, le style architectural en France s’était déjà fort amélioré. L’élégant plein-cintre bysantin remplaça les lourdes arcades et les robustes piliers romains. Cette nouvelle architecture svelte et délicate, comme tout ce que produit la Grèce, pénétra dans notre occident. On vit cette belle étrangère, venue à la suite des croisades, traverser nos provinces du midi et du centre, s’arrêter plus long-temps dans les vallons de la Normandie, et se mirer dans les eaux du Rhin. Si vous voulez voir quelques-uns de ses vestiges, hâtez-vous, car chaque jour les ronces et les grandes herbes les effacent, et l’antiquaire ne saura bientôt plus lui-même où elle a passé ; cherchez ce qui reste d’elle à l’abbaye de Vézelay et de Tournus ; visitez la nef de Saint-Germain-des-Prés, l’église de Saint-Trophime à Arles, le portail de Coucy-le-Château et celui de l’abbaye de Saint-Denis. C’est en présence de ces chefs-d’œuvre que vous pourrez prendre une idée de cet art aux proportions si justes et admirer la grâce de cette vierge grecque qui s’est assise un moment sur notre sol avec ses fines colonnettes, ses rotondes légères, ses arcades aériennes et les plantes épaisses de l’Orient.

Mais pendant qu’à la fin du douzième siècle, l’architecture atteignait un si haut degré de perfection, la statuaire la suivait d’un pas fort inégal. Tout ce qui nous reste de sculptures hiératiques, même du milieu du douzième siècle, a cette raideur de pose et ce quelque chose de contraint, de rétréci et d’immobile qu’on remarque dans les statues égyptiennes. En examinant ces longues figures de rois ou de saints, serrés dans leurs niches comme dans des cercueils de pierre, on voit qu’il s’agissait surtout pour l’artiste de reproduire certains types dont il ne lui était pas permis de s’écarter. Dans la sculpture hiératique, les moindres détails de maintien, de draperies, d’exécution, semblent