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phe et les complimens de sous-préfets, voire même de présidens de première instance, cela est fort beau, mais cela fatigue à la longue. Après avoir essayé de la danse, l’on a senti qu’il manquait encore quelque chose, et qu’un spectacle d’un genre national pouvait seul convenablement remplir les soirées. Alors on a écrit à l’Opéra-Comique de venir au plus vite. L’Opéra-Comique, qui n’a rien à faire à Paris, ne s’est pas laissé long-temps prier. Il est accouru tout joyeux et si lestement même, qu’à son arrivée à Compiègne, il n’a pas trouvé de salle qui fût prête encore à le recevoir ; de sorte qu’en attendant les chaumières de toile et les bosquets de carton qu’on lui préparait, le vieil étourdi s’en est allé prendre l’air, courir les champs, sa marotte en main, et se promener dans la forêt, fredonnant ses refrains, et chantant ses plus jolis airs aux fauvettes et aux rossignols, qui certes auront profité s’ils savent s’y plaire.

À Paris, à l’occasion de cette alliance, nous avons été moins bien traité. On a tiré seulement quelques coups de canon, puis on a marié des rosières comme en juillet. Nous nous applaudissons fort vraiment qu’on en ait eu seize encore sous la main, pour cette nouvelle fête ; mais il est surtout satisfaisant que nul malencontreux charivari ne soit venu protester contre les choix, ainsi qu’il était malheureusement advenu le mois dernier.

Quel que soit, au surplus, le poids jeté par ce mariage dans les destinées de la France, la mort du duc de Reischtadt n’aura pas assurément sur elle une moindre influence. L’un et l’autre événement semblent en tout cas devoir consolider les bases sur lesquelles reposent la paix et la tranquillité de l’Europe.

À propos de cette mort, un bruit assez étrange a couru à Vienne. On y a prétendu que le fils de Napoléon avait succombé aux suites d’une blessure qu’il avait reçue à la poitrine dans un duel avec un officier autrichien. Cette explication, que plusieurs feuilles anglaises ont accueillie, nous paraît bien invraisemblable et bien inutile. Il est mort, le pauvre jeune homme, parce qu’il s’est dévoré lui-même, parce que l’air lui a manqué dans cette cour dont on lui avait fait un cachot. Il est mort,