Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 7.djvu/502

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
498
REVUE DES DEUX MONDES.

M. Barral assure qu’à la mort d’un père, d’un mari ou d’un frère adulte, les filles, les femmes et les sœurs se coupent une articulation des doigts. Ce genre de mutilation se retrouve, d’ailleurs, en usage dans les mêmes circonstances chez plusieurs peuplades barbares des deux continens. Chez les Charruas, les femmes seules manifestent ainsi leur douleur ; quant aux hommes, ils ne donnent de signe de deuil que pour la mort de leur père. Dans ce cas, assure-t-on, ils se font enfoncer dans le bras un long roseau qui l’embroche du poignet à l’épaule. Cela fait, ils s’enterrent jusqu’à la ceinture, et ce n’est qu’au bout de vingt-quatre heures qu’ils retirent le roseau de la plaie et sortent du trou dans lequel ils étaient enfoncés. Ensuite vient un jeûne assez sévère qui se prolonge douze à quinze jours, et qui termine le deuil.

Les Indiens Charruas mangent volontiers de la chair crue, et l’individu qu’a amené M. Barral manifestait un goût tout particulier pour cette nourriture.

M. Arago donne lecture d’un rapport fait à l’Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, par M. Kupfer, sur une lettre écrite de la Chine, par M. Fuss, lettre dans laquelle ce jeune savant expose les résultats des observations qu’il a faites sur la déclinaison et l’inclinaison de l’aiguille aimantée à Pékin.

M. Dumas dépose un mémoire sur les chlorures de soufre, et en lit un autre sur la densité de la vapeur de quelques corps simples.

Lorsque M. Gay-Lussac eut découvert que les gaz se combinent en rapport simple, il soupçonna sur-le-champ que la même loi devait avoir lieu pour les vapeurs ; afin de s’en assurer, il imagina un appareil fort simple, au moyen duquel on mesure la densité des vapeurs lorsqu’elles proviennent de liquides, dont l’ébullition se fait à une température peu élevée. Il était nécessaire d’étendre les recherches plus loin, et c’est ce que fit M. Dumas qui, en 1826, donna le moyen de peser la vapeur des corps qui ne bouillent qu’à 400 et même à 500°. Dès cette époque, il avait déterminé directement la densité de la vapeur du soufre ; mais quoique plusieurs expériences lui eussent donné des résultats identiques, il ne voulut point les publier, tant ils différaient de ceux que l’on pouvait déduire de la composition du gaz hydrogène sulfuré et de sa densité.

On sait que le soufre a avec l’oxigène une telle analogie, que si l’on connaît comment l’un d’eux se conduit dans une circonstance donnée, on sait d’avance comment l’autre se comportera, en pareil cas. Maintenant la vapeur d’eau étant formée d’un volume d’hydrogène et d’un demi-volume d’oxygène, le gaz hydrogène sulfuré devra contenir de même un demi-volume de vapeur de soufre pour un volume d’hydrogène, et puisque la densité de l’hydrogène est de 1,1912, celle de la vapeur de soufre doit être de 2,24. Tel est, en effet, le chiffre qui est généralement adopté ; cependant M. Dumas dans ses premières expériences en avait trouvé de fort différens, et tout récemment, dans trois expériences répétées sous les yeux de M. Mitscherlich, il a trouvé successivement 6,57 — 6,51 — 6,617, nombres qui ne diffèrent pas sensiblement de ceux qu’il avait obtenus d’abord, et qui, indiquant une densité triple de celle déduite du