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LITTÉRATURE DANOISE.

HERMANN.

Je voudrais que la bourgmaîtrise fût au diable. — Veux-tu être bourgmestre à ma place ?


Certainement la gradation de cet embarras et l’espèce de désespoir par lequel il se termine sont d’un comique très franc et très vif.

Mais le pauvre politique n’est pas au bout de ses peines. Deux interminables pétitions dans des sens opposés sur lesquelles il faut qu’il prononce, une révolte de matelots à réprimer, et mille autres difficultés qui se présentent, finissent par lui faire perdre entièrement la tête ; il veut déposer cette charge fatale, on refuse sa démission. Alors sa fureur est à son comble, il s’en prend à son domestique. — « Henry, s’écrie-t-il, ne peux-tu m’aider à rien arranger, stupide animal ! voyons, fais-moi voir clair dans mes affaires ou je t’assomme. » Parvenu à ce point de désolation, on conçoit qu’il est le plus heureux des hommes en apprenant qu’il a été mystifié, qu’il n’est point bourgmestre ; enchanté d’en être quitte, il se trouve guéri radicalement de la politique et retourne à ses pots d’étain.


Jean de France est un jeune sot qui est venu à Paris oublier le danois sans apprendre la français, et qui rapporte, au sein des vieilles mœurs bourgeoises et patriarcales de Copenhague, une ridicule imitation des manières dégagées de Paris et des airs impudens de la régence.

Une scène véritablement forte est celle où Jean, qui a désappris dans ses voyages le préjugé du respect filial, force sa vieille mère à danser un menuet avec lui. Son père commence par rire sous cape de cette mésaventure de sa moitié, qui, toujours en extase devant les travers de son fils, lui en semble justement victime. Mais son tour vient, et Jean le contraint de chanter pendant qu’il danse avec sa vieille mère. Le bon homme veut résister, mais son fils que la frivolité a endurci, jure, s’emporte, tempête ; il faut lui céder. Ces deux vieillards contraints de se