tions telles que les romans épiques de la Table ronde n’a jamais existé ni pu exister en Bretagne. Je ne m’arrêterai donc pas à discuter des assertions de tout point gratuites. Dans l’état actuel de la critique historique, de telles assertions doivent tomber d’elles-mêmes et ne peuvent plus se reproduire.
Il n’en est pas de même de l’opinion de ceux qui ont attribué aux Bretons insulaires l’origine des romans de la Table ronde. Cette opinion a pour elle des raisons spécieuses et des documens écrits dont il est impossible de faire abstraction dans la question actuelle. Il ne s’agit que de savoir si l’on ne tire pas de ces documens, de ces faits, des conséquences qu’ils ne renferment pas ; et pour cela, il suffit de considérer sommairement et de bien déterminer les rapports des traditions bretonnes avec le fond, avec les données générales des romans de la Table ronde. Nous saurons par là jusqu’à quel point les premières peuvent être considérées comme la source de ceux-ci.
Les monumens écrits qui renferment les traditions nationales des Bretons, antérieures au temps où commence l’histoire positive et suivie du pays, ces monumens sont de deux sortes et forment deux séries distinctes.
De ces deux séries, la première se compose des triades historiques et des poésies des anciens bardes bretons, depuis le sixième siècle jusqu’au douzième.
La seconde série consiste en chroniques qui embrassent toute l’histoire de la Grande-Bretagne, depuis son commencement fabuleux jusque vers le milieu du douzième siècle.
Il y aurait à faire sur ces deux sortes de monumens bien des recherches qui ne sont pas de mon objet ; mais je ne puis me dispenser d’en donner au moins un aperçu rapide.
Les triades des Bretons sont un monument historique peut-être unique en son genre ; ce sont des espèces d’aphorismes historiques dans lesquels les personnages et les faits sont groupés trois à trois, à raison de leur ressemblance, et sans égard à la chronologie. Ainsi, par exemple, il y a une triade où sont mentionnées et rapprochées trois invasions différentes de la Grande-