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ROMANS DE LA TABLE RONDE.

ses amours avec la reine Yseult, de Gauvain et d’autres personnages fameux de la même famille romanesque ; il y est question des merveilles et de la quête du graal, thème mystique de quelques-uns des romans les plus renommés de tout ce cycle breton.

Maintenant, ces allusions des triades galloises à des aventures et à des héros de la Table ronde sont de deux sortes qu’il est essentiel de ne pas confondre ; car les conséquences à tirer des unes et des autres sont on ne peut plus différentes.

De ces allusions, les unes proviennent directement des romans français de la Table ronde, dont elles supposent la connaissance plus ou moins répandue parmi les Gallois ; elles sont d’une date postérieure à celle de la composition de ces romans ; et loin d’en contenir le germe ou la matière, loin d’en pouvoir expliquer l’origine, elles attestent, au contraire, l’influence de ceux-ci sur la littérature et les traditions bretonnes. Elles font voir qu’à l’exemple de la plupart des autres peuples de l’Europe, les Gallois avaient accueilli ces fables chevaleresques de la Table ronde, avec cette différence que l’illusion était plus grande pour eux que pour les autres. Il semble du moins que leur pays étant donné pour le théâtre de ces mêmes fables, ils devaient en être d’autant plus disposés à les prendre pour un simple développement de leurs traditions nationales.

Que les allusions dont il s’agit fussent bien dans les triades bretonnes quelque chose de nouveau, quelque chose d’étranger, c’est de quoi il n’y a pas lieu de douter. Quelques-unes de ces triades en renferment la preuve. Il y en a une, par exemple, qui cite expressément l’histoire du graal, en prose, dont elle n’est qu’un résumé très court.

Les mots et les noms romans qui ont passé dans les triade, pour y désigner les fictions romanesques qui les avaient consacrés, sont une autre preuve de ce que je veux dire. Ces mots, qui se reconnaissent, au premier coup-d’œil, comme des étrangers dépaysés, parmi les mots kymris, y sont l’indice certain de l’emprunt des choses auxquelles ils sont appliqués. Tel est, par exemple, dans la triade que je viens de citer, le terme de graal,