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la tête d’une dame méthodiste, qui a eu le bonheur de s’assurer pour son meeting d’un prédicateur célèbre, de ceux qui animent une bleue de Londres, qui a obtenu la promesse d’un poète à la mode pour sa soirée, il est impossible de ne pas sourire à la ressemblance. Le cœur humain est partout le même, et nous sommes toutes, pieuses ou mondaines, de la même famille.

« Les plus beaux appartemens, les plus belles toilettes, les rafraîchissemens les plus délicats, rien n’est épargné pour rendre le meeting aussi brillant que possible. Pendant que les personnes invitées arrivent, des conversations à demi-voix abrègent l’ennui de l’attente. Les personnes qui entrent sont saluées des noms de frères et de sœurs, et les démonstrations de bien-venue sont très tendres. Quand la chambre est pleine, la compagnie, qui est toujours composée en très grande majorité de femmes, prend place et s’assied. Alors commencent, de la part des ministres, les invitations tour-à-tour les plus véhémentes et les plus douces, les plus sévères et les plus caressantes aux frères et aux sœurs, de confesser devant leurs sœurs et leurs frères toutes leurs pensées, toutes leurs fautes, toutes leurs folies.

« Ces confessions sont d’étranges scènes. Comme les fautes avouées en font l’intérêt, plus on en avoue, plus on est encouragé et caressé. Lorsqu’elles sont terminées, tout le monde s’agenouille, et le prêtre improvise une prière ; après quoi on mange et on boit. Les chants, les hymnes, les prières recommencent de nouveau ; puis viennent les exhortations, puis encore la prière et le chant, jusqu’à ce que l’exaltation des assistans atteigne enfin le plus haut degré d’énergie. Telles sont les scènes qui se passent chaque soir tantôt dans une maison, tantôt dans une autre, aussi long-temps que dure le Revival ; souvent même elles ont lieu simultanément dans plusieurs, car les églises ne peuvent donner de l’occupation à la moitié des missionnaires, bien qu’elles demeurent ouvertes toute la journée et une partie de la nuit, et que les ministres s’y succèdent l’un à l’autre sans interruption.

« Ce fut dans la principale des églises presbytériennes de Cincinnati, que je fus deux fois témoin des hideuses scènes que je vais