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ROMANS PROVENÇAUX.

et d’une autre littérature que celles même auxquelles appartenaient les chants lyriques où elles se rencontrent, et où elles figurent comme un accessoire, comme un ornement convenu.

Les romans dont ces allusions supposent et prouvent l’existence, étaient indubitablement des romans en provençal, aussi bien que tant d’autres dont j’ai déjà parlé, qui ont donné lieu à des allusions de tout point semblables, et dont on ne peut douter qu’ils ne fussent bien provençaux, la littérature provençale étant la seule qui offre des vestiges de leur existence et de leur ancienne renommée.

Je n’insiste pas davantage sur la réfutation directe d’une hypothèse désespérée. Parmi les raisons et les faits qui vont suivre, il n’y en aura pas un seul qui ne soit une démonstration nouvelle de l’impossibilité d’une telle hypothèse.

Je reviens donc aux allusions citées des troubadours à des romans provençaux sur les guerres des chrétiens de la Gaule avec les Sarrasins d’Espagne, pour essayer d’en préciser les résultats historiques.

Les romans provençaux dont il s’agit pouvaient différer, par les détails, par les accessoires, des romans français ou autres aujourd’hui existans sur les mêmes sujets. Mais, par tout ce qu’il y a de plus significatif dans les allusions citées, il est constaté que les romans correspondans des deux langues reposaient sur le même fond, sur les mêmes données traditionnelles, historiques ou fabuleuses ; que, dans les unes et dans les autres, les mêmes actions et le même caractère étaient attribués aux mêmes personnages ; en un mot, qu’il ne pouvait guère y avoir, entre les uns et les autres, que des variétés de rédaction.

Il y a donc ici une chose évidente : c’est que d’ouvrages appartenant à deux littératures différentes, et ayant de tels rapports entre eux, les uns devaient être les originaux, les modèles ; les autres des imitations, des traductions. Mais lesquels, des romans provençaux ou des français, étaient les originaux, lesquels étaient les copies ? Voilà la question importante.

Je suppose un moment qu’il n’y ait, pour résoudre cette question, que des raisons générales de vraisemblance, raisons qui,