Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 8.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
247
REVUE DE VOYAGES.

elle n’est regardée généralement que comme l’égoût de la population malfaisante de l’Angleterre. M. d’Urville, après avoir décrit ses progrès rapides, nous la fait voir dans son état actuel, aspirant à se laver de sa tache originelle et à prendre rang sur un pied égal parmi les autres colonies de la métropole : il est curieux de voir les distinctions aristocratiques, si vivaces dans cette dernière, partager les colons de la Nouvelle-Galles du sud en autant de castes rivales qu’ils comptent de motifs différens qui les ont conduits sur cette terre lointaine. Entre le convict, vêtu de son habit ignominieux, et l’homme du gouvernement, dépositaire du pouvoir, l’orgueil a trouvé moyen d’élever une foule de séparations infranchissables parmi les rangs intermédiaires de la population. Comme partout ailleurs, il en résulte de vives résistances dont les journaux de Sidney sont naturellement les interprètes. Les nombreux extraits que donne M. d’Urville de ces derniers, ajoutent un mérite de plus à cette partie de sa relation.

L’expédition lève l’ancre le 17 décembre et se dirige sur la Nouvelle-Zélande, dont elle aperçoit les côtes, le 10 janvier 1827, à quelques lieues au sud du cap Foul-Wind, situé à la partie occidentale de Tavaï-Pounamou. Les temps affreux déjà éprouvés précédemment par l’Astrolabe, semblent la poursuivre avec une sorte de fatalité pendant cette nouvelle traversée. Une mer orageuse lui interdit l’accès de la côte escarpée de Tavaï-Pounamou, qu’elle longe sans aborder la terre jusqu’au détroit de Cook, qui la sépare d’Ika-na-Mawi, l’île septentrionale de la Nouvelle-Zélande. Ici commencent d’importans travaux géographiques qui complètent ceux que Cook et ses successeurs avaient laissés imparfaits sur cette partie du pays. La baie de Tasman, que ce célèbre navigateur croyait séparée de celle de l’Amirauté, communique avec cette dernière par un canal étroit où l’Astrolabe parvient à passer en courant les plus grands dangers, et dont les cartes de l’expédition offrent un relevé exact, ainsi que du canal de la Reine-Charlotte. Ces travaux terminés, elle fait route au nord et longe à vue de terre toute la côte orientale d’Ika-na-Mawi jusqu’à l’immense Baie-des-Îles qui la termine près de sa pointe nord. Les dangers que court l’Astrolabe dans cette longue navigation, surpassent tous ceux qu’elle avait éprouvés jusqu’alors, et deux fois