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REVUE DE VOYAGES.

il parle. On lui doit aussi quelques observations nouvelles dans cette partie. Ainsi, par exemple, sur les bords du lac Quilunda, il tue un hippopotame en lui fracassant le crâne d’une balle (vol. I, page 85) ; chose qui, bien certainement, n’est jamais arrivée qu’à lui.

Voici maintenant un échantillon de description :

« Je rencontrai, tout près de la Régence, un lac qui peut avoir une lieue de circonférence… Les bords sont couverts d’une foule d’oiseaux qui vont saisir au fond un petit animal amphibie. Cet animal est bipède, se nourrit de très-petits poissons, et se meut avec une vitesse prodigieuse. »

Dans une note, l’auteur complète la description de cet animal amphibie, en commençant par donner ses dimensions, ayant ouï dire probablement que tel était quelquefois l’usage parmi les naturalistes :

« Il est d’un vert clair, il court très-vite, il est ovipare : cependant j’ai pris une femelle avec sept petits dans le corps, qui prirent la fuite avec beaucoup de célérité au moment où avec un instrument tranchant j’ouvris le ventre de la mère. Cet animal n’est certainement point un quadrupède estropié. » Vol. I, pages 66 et 67.

J’en suis parfaitement convaincu, ainsi que M. Douville, et je suis au moins aussi embarrassé que lui pour savoir à quelle famille rapporter un animal aussi extraordinaire. Toutes ses descriptions zoologiques sont à peu près dans ce genre.

Le livre tombe des mains lorsqu’on songe qu’un homme a osé imprimer de pareilles choses de nos jours, et les présenter à l’approbation de corps savans. Je fatiguerais la patience du lecteur en continuant de citer les passages de la même nature que ceux qui précèdent ; c’est donc assez. Je n’ai pas besoin de dire qu’aucun motif d’intérêt personnel ne m’a engagé à révéler les faits qu’on vient de lire : jamais M. Douville ne m’a donné personnellement le plus léger sujet de plainte ; mais pour l’honneur de la France, pour l’honneur d’un corps savant qui finirait par devenir un objet de risée, si son erreur se prolongeait davantage, il faut que cette mystification inouie ait un terme ; elle n’a déjà duré que trop long-temps, et n’est-ce pas même une chose déplorable qu’elle ait pu